Les chefs de partis politiques réagissent à l'entretien accordé par Driss Basri au journal espagnol «La Razon».Ils en dénoncent la teneur, soulignent le consensus national sur la marocanité du Sahara et expliquent les motivations qui ont conduit Basri à la forfaiture. El Fassi : «Il veut se mettre à l'abri des poursuites de droit commun» Je ne suis pas surpris par l'entretien accordé par Driss Basri au journal espagnol. Durant toute sa carrière, il a dévoyé la démocratie. Il a créé un climat de suspicion pour devenir indispensable à la gestion du dossier du Sahara marocain. Il a choisi délibérément l'option sécuritaire pour maintenir son hégémonie. Ce n'est pas parce qu'il n'est plus là que je parle ainsi de Basri. Nous l'avons toujours dénoncé au Parti de l'Istiqlal. Maître Boucetta a même refusé le poste de Premier ministre tant que Basri demeurait à la tête du ministère de l'Intérieur. Aujourd'hui, Basri veut discréditer la classe politique du pays et ébranler le consensus autour de la marocanité du Sahara. Il a commencé par un parti auquel nous sommes liés par la Koutla. Il est évidemment encouragé par l'Algérie. Cela étant, personne ne se trompe sur les visées des sorties médiatiques de Basri. Il cherche un statut de réfugié politique pour se mettre à l'abri des poursuites de droit commun. Abied : «Félon, vil et traître» Driss Basri s'est exclu du Maroc et de la nationalité marocaine. Ses propos sont hostiles à la nation entière. Ce n'est plus un homme sensé. Il a perdu la raison. Pour ma part, je refuse de voir dans ses sorties médiatiques une quelconque stratégie, serait-ce celle du pire, ou une logique ascendante pour porter atteinte à l'intégrité territoriale du pays. Non ! Ses propos sont ceux d'une personne qui a perdu la raison avec la perte du pouvoir. Basri ne sait plus quoi faire de son temps. Alors il charge, de façon pitoyable, le pays. Il est prêt à tout pour qu'on continue de citer son nom au Maroc. Y compris à défendre la position du gouvernement algérien. Aujourd'hui, Driss Basri s'est rallié à la position d'Alger. Il faut le dire, comme il faut lui rappeler que même ceux qui le soutiennent doivent le mépriser, parce qu'il est félon, vil et traître. S'il souhaitait faire de l'opposition politique, il n'avait qu'à l'exercer à partir d'ici. Afficher son désaccord ici. Pourquoi s'expatrier pour trouver le courage de tirer à boulets rouges contre la nation ? Basri me fait pitié, et on devrait garder assez de charité pour le soigner. Osman : «Une fin pitoyable» Je connais très bien le sujet du Sahara, en ma qualité d'ancien Premier ministre et président du Parlement. Ce dossier, on en parle quand on en a la charge et on se tait quand d'autres en prennent la responsabilité. On ne contrarie pas la marche de leur travail. Je pense que Basri a tellement pris goût à la gestion de ce dossier qu'il ne peut accepter que d'autres s'en chargent après lui. Je peux assurer que Basri n'était pas qualifié pour le gérer. J'ai souvent été en contradiction avec lui. Il a commis d'énormes erreurs. Il a favorisé certaines tribus au détriment d'autres, généralisé la culture du clientélisme et de la corruption, sans tenir compte de la réalité socioculturelle de la région et encore moins des liens de convivialité qui unissent les tribus au Royaume. Il a complètement marginalisé la société civile sahraouie. Je ne veux pas l'accabler davantage, mais il est très mal placé pour nous livrer de l'expertise sur le Sahara. Driss Basri accepte mal sa retraite. Il a pris goût au pouvoir. Un peu de dignité et de retenue lui auraient évité cette fin pitoyable. Aherdane : «Il trahit la mémoire de feu Hassan II» Chaque fois qu'on m'avait demandé de m'exprimer sur Driss Basri, j'avais refusé. Mais là, Driss Basri est allé trop loin ! Il trahit la mémoire de feu Sa Majesté Hassan II qui avait confiance en lui. Et dire que c'était un homme raisonnable ! Je me pose des questions sur sa loyauté. Ou bien il a perdu subitement les pédales, ou bien il a roulé pour d'autres depuis le début. Ce qui serait très grave et expliquerait le blocage du dossier du Sahara marocain, dont il avait la charge depuis des années. Parce que Basri ne défend pas une position de principe, mais apporte de l'eau au moulin d'Alger. C'est cela le plus important. Il prend ouvertement parti pour les ennemis de l'intégrité territoriale du Royaume. C'est triste d'en arriver là. A nous de laisser Basri seul face à sa conscience et de travailler encore plus pour notre Sahara. Al Othmani : «Règlement de compte» L'entretien donné par M. Basri au journal espagnol La Razon est petit. Il n'a aucune influence sur le cours des choses et ne peut en avoir. Basri peut avoir l'opinion qu'il veut, c'est son droit. Mais il devrait savoir que cette opinion est imperceptible au milieu de 30 millions de voix qui affirment leur attachement à l'intégrité territoriale. Je ne comprends pas comment Basri peut parler de Sahara occidental ? Et je ne sais ce qu'il cherche en disant cela. Sans doute qu'il mêle les grands intérêts de la Nation à des règlements de compte. Aucune personne sensée ne peut chercher à porter atteinte à sa patrie pour des calculs personnels. Mais je répète que la portée de ses propos est très limitée. Ses gesticulations n'impressionnent personne. L'important, c'est le consensus autour de la marocanité du Sahara et ce ne sont pas les déclarations de Basri qui vont changer quoi que ce soit à ce consensus.