Ahmed Qoreï s'apprête à annoncer la composition de son gouvernement élargi, qui remplace le cabinet de crise dont le mandat devait expirer mardi. Le différend sur le choix du ministre de l'intérieur persiste entre Qoreï et Arafat. Le mandat du cabinet de crise palestinien Ahmad Qoreï a expiré mardi. Le chef de cabinet met la dernière main au gouvernement élargi qu'il s'apprête à annoncer. «Nous attendons qu'Abou Alaa, Qoreï, nous remette la liste complète de son gouvernement», a indiqué un membre du comité central du Fatah, le principal mouvement palestinien, Abbas Zaki. Lundi, le Premier ministre palestinien a rencontré Yasser Arafat pour tenter de résoudre leur différend sur le choix du prochain ministre de l'Intérieur. Mais ces discussions n'ont, semble-t-il, pas permis de progresser vers la levée du principal obstacle à la formation du nouveau gouvernement. La formation de cette nouvelle équipe gouvernementale intervient après deux crises entre le leader palestinien Yasser Arafat et M. Qoreï, qui avait remplacé Mahmoud Abbas, démissionnaire début septembre après cent jours à la tête du gouvernement, et avec M. Abbas, suite au blocage total du processus de paix et à un conflit de pouvoir avec le dirigeant palestinien à propos du portefeuille des services de sécurité. Elle intervient également dans une conjoncture marquée par l'assouplissement du bouclage des territoires palestiniens, ce qui a permis à 6.200 Palestiniens d'aller travailler en Israël. L'assouplissement est intervenu, rappelle-t-on, quelques jours après les critiques publiques émises par le général Moshe Yaalon, chef d'état-major de l'armée israélienne, à propos de la politique d'Ariel Sharon envers les Palestiniens. Les tractations du Premier ministre palestinien pour former son nouveau gouvernement interviennent aussi au moment où le Premier ministre Ariel Sharon effectuait une visite de trois jours à Moscou au cours de laquelle il devait rencontrer le président russe Vladimir Poutine. Sharon devait tenter de convaincre Poutine pour renoncer à l'initiative de la Russie qui fait circuler au Conseil de sécurité de l'ONU un texte visant à rendre obligatoire l'application de la Feuille de route, le plan international de règlement du conflit israélo-palestinien. Ce plan de paix, élaboré par le Quartette, dont la Russie fait partie avec les Etats-Unis, l'Union européenne et l'ONU, a été accepté officiellement par Israël et l'Autorité palestinienne, mais M. Sharon a présenté 14 réserves concernant son application. La «feuille de route» prévoit l'arrêt total des violences de l'Intifada, le gel de la colonisation israélienne des territoires occupés et la création d'un Etat palestinien d'ici à 2005. L'assouplissement du blocage de la bande de Ghazza et de la Cisjordanie, autorisant l'entrée des milliers de Palestiniens sur le territoire israélien, serait une mesure qui s'inscrit dans les manœuvres du Premier ministre israélien, Ariel Sharon pour calmer les Israéliens qui se sentent menacés par sa politique raciste envers les palestiniens. Israël avait interdit depuis le début du mois d'octobre aux Palestiniens de sortir de Cisjordanie et de la bande de Gaza, après l'attentat suicide commis le 4 octobre à Haïfa, au cours duquel un kamikaze palestinien avait tué 21 personnes. Cette politique, comme l'a estimé la semaine dernière le chef d'etat-major de l'armée israélienne, ne conduit qu'à l'extrémisme et à la montée de la violence et menace la stabilité de l'Etat sioniste. Sharon a enterré tous les processus de paix, parrainés par les grandes puissances, depuis Oslo jusqu'à Taba, de nature à débloquer la situation et instaurer la stabilité dans la région. Comment se fait-il qu'il accepte de relancer aujourd'hui les négociations avec les Palestiniens, qu'il traite de terroristes ? Assurément, ce ne sont que des manœuvres en vue d'atténuer les mouvements de protestation internes et échapper aux pressions de la communauté internationale, et par ailleurs enterrer définitivement la feuille de route.