L'image des équipes et des joueurs marocains ne cesse de se dégrader. L'organisation et la gestion des clubs est chaotique. L'état des infrastructures rend le Maroc peu compétitif pour l'organisation de grandes compétitions régionales et internationales. La planète du foot national est de plus en plus déboussolée. La piètre prestation de l'équipe olympique à la coupe arabe du football, le désistement du Maroc de l'organisation de la coupe arabe des clubs et l'arrestation de l'international Nourreddine Kacimi, sonnent-t-ils le glas d'un football en déperdition ? Ces événements aussi tristes que douloureux clôturent une année 2002 qui, comme ses précédentes, a confirmé le cycle de la dégradation d'une discipline jadis florissante. Ces faits traduisent en fait tous les maux de notre football dont notamment la gestion de l'improvisation et l'indiscipline caractérisée à tous les niveaux hiérarchiques. D'abord l'équipe olympique n'en est pas une puisqu'elle a été constituée dans la précipitation et sans préparation avec un effectif hétéroclite. Le résultat ne s'est fait pas attendre puisque la sélection nationale a été malmenée dans tous les matchs qu'elle a disputés. Même au cours du seul match qu'ils ont gagné face à leurs homologues palestiniens, les coéquipiers de Jermouni ont souffert le martyre pour venir à bout d'une surprenante équipe. La sélection palestinienne n'avait pas cru en ses potentialités, sinon elle aurait fait mal aux nationaux comme elle l'a démontré face au Koweït. C'est triste de le dire, mais quand une équipe, aussi ancrée dans le football comme la nôtre, bute sur des joueurs qui côtoient la mort au quotidien face à la barbarie israélienne, c'est que le mal est profondément enraciné. On ne sait pas ce que ces braves palestiniens auraient produit comme football, s'ils n'avaient pas une terre spoliée, n'étaient pas exposés à tout moment aux tirs des missiles et des avions pour penser à jouer au football. Il y a péril en la demeure quand des joueurs comme Jermouni, Lembarki, Kharrazi se font dominer par des Soudanais, eux aussi en guerre, et finissent trop petits devant l‘Arabie Saoudite. Ce n'est pas dramatiser que de dresser le constat de la régression de notre football face au progrès extraordinaire réalisé par celui des pays du Golfe et leurs voisins. Il fut un temps, pas très lointain, où les sélections marocaines ne faisaient qu'une bouchée des sélections de ce pays avec des scores à la hand-ball. Il est tout à fait normal de s'inquiéter sur le sort de cette équipe olympique qui s'écroule devant des équipes qui n'ont pas une longue histoire dans le football. Le public s'interroge, à juste titre, sur ce que feront les olympiens face à des équipes plus coriaces comme les Africains, les Européens et les Américains du Sud. En réalité c'est tout le système de notre football qui s'écroule en dévoilant la face longtemps cachée d'une gestion désastreuse. Sinon comment expliquer ce désistement tout aussi inimaginable que honteux de notre pays à organiser la coupe arabe des clubs faute de terrains et de moyens financiers. Depuis quand, un pays comme le nôtre, trois fois candidat à l'organisation de la coupe du monde, a failli à ses engagements ? Malgré ses tares et ses avatars, la fédération soutenue par les pouvoirs publics a toujours tenu à donner la meilleure image de notre pays en respectant ses contrats. Il est difficile de différencier le MAS, qui était censé organiser cette coupe, de la FRMF même si les dirigeants du club fassi assument une grande responsabilité dans ce naufrage. Personne n'a obligé Mernissi et compagnie à organiser cette compétition, si ce n'est leur envie de se satisfaire. Ce faisant tout dirigeant sensé n'avance pas dans une action de cette envergure, s'il n'avait pas assuré toutes les garanties de sa réalisation. Pourtant Mernissi est un homme d'affaires qui ne devrait pas tomber de prévisionnel à la stupidité, tout comme la fédération ne devait pas le laisser tomber. Il y va de l'image de notre pays car si nos dirigeants l'ont oublié, on va leur rafraîchir la mémoire : le Maroc est candidat à l'organisation de la coupe du monde 2010. À votre avis qui va croire à cette boutade d'ambition démesurée si notre pays n'arrive même pas à organiser une coupe arabe des clubs ? Si les dirigeants de notre football ne supputent pas l'impact de ce désistement sur la candidature marocaine, c'est que les Arabes n'ont pas créé le chiffre zéro. À moins que dans l'esprit de certains, le zéro n'est pas synonyme de nul et qu'ils croient qu'en le multipliant par un autre chiffre, il va donner un nombre différent de zéro. Ce n'est pas un raisonnement par l'absurde comme on le trouve en Algèbre, c'est un raisonnement absurde. C'est dire que la gestion du zéro est très répandue chez nous, comme ce fut le cas lors des inondations qui ont ravagé Mohammedia à cause d'un barrage diminué des deux tiers de sa capacité de retenue par l'envasement. Pour prévenir une autre catastrophe le gouvernement a pris diverses mesures dont notamment la construction d'un barrage dont les travaux dureront trois ans. En attendant, il faut prier pendant 36 mois pour que le barrage d'Oued El Maleh ne cède pas comme il l'a fait le lundi 25 novembre. 3 ans moins 36 mois= zéro. C'est comme 2010, on se dit tout le temps qu'on a le temps de construire des stades alors que la désignation du pays organisateur se fait six ans auparavant. L'indiscipline dans la gestion de notre football est aussi criante que l'indiscipline des dirigeants et des joueurs. L'arrestation de l'International Nourreddine Kacimi, présumé coupable d'avoir agressé un agent de police, n'est que l'arbre qui cache la forêt. Avant lui d'autres joueurs, dirigeants et entraîneurs ont commis des délits plus ou moins graves qui ont été masqués par le jeu des interventions et des connaissances bien placées. Dans un Etat de droit, personne n'est au-dessus de la loi y compris la police, mais notre société a été tellement imprégnée par l'inégalité que la loi est devenue inégale. C'est tout ce système qui a pesé sur notre football pour enfanter des voyous chez les joueurs, chez le public et chez les dirigeants. Quand la fédération, elle-même, ne respecte pas ses lois en rechignant pour des raisons obscures à tenir son assemblée générale, il faut s'attendre à ce que l'anarchie soit généralisée. Le GNF fait de même, le CNOM aussi et ainsi va notre football vers la dérive en multipliant zéro par l'infini tout en croyant au miracle. Ce n'est pas encore fini.