Nos industriels ont-ils conscience des dangers qui guettent leurs structures ? Pas tous, répondent les spécialistes. Radioscopie. Toulouse 21 septembre. Une gigantesque explosion au niveau d'une usine de produits chimiques survient. Résultat : plusieurs dizaines de tués et de blessés. Le cas de l'unité «Grande Paroisse» fera date. Toute la France est en deuil. De fil en aiguille, toutes les sensibilités de la société se sont regroupées pour essayer de comprendre, trouver des solutions pour que cela ne se reproduise plus. Une concertation nationale a été organisée regroupant l'ensemble des acteurs concernés (élus, entreprises, organisations syndicales, associations, services de l'Etat, experts et médias) pour dégager les axes de réformes à mener en matière de prévention des risques industriels. Les Français ont crié d'une seule voix : plus jamais cela. Au Maroc, sommes-nous à l'abri de telles catastrophes ? Evidemment non ! Il est clair que toutes les activités humaines créent des risques technologiques divers : industriel, nucléaire, biologique, de rupture de barrage, de transport de matières dangereuses, etc. Cependant, vu de loin, l'on serait tenté de conclure que les incidents majeurs en milieux industriels, chez nous, sont rares voire inexistants. Ce n'est pas le cas. D'innombrables unités industrielles ont frôlé la catastrophe. Les cas les plus connus ne datent pas plus d'il y a quelques semaines. Coup sur coup, deux importantes unités industrielles, l'une de production de carton dans la région de Sidi Slimane et la Samir au niveau de la ville de Mohammédia ont défrayé la chronique. Le risque industriel est chronique ou accidentel. Les risques chroniques résultent des différentes formes de pollution susceptibles d'avoir un impact sur la santé des populations et l'environnement, tels que les émissions de métaux toxiques, de composés organiques volatils ou de substances cancérigènes. Les risques accidentels résultent, pour leur part, de la présence de produits ou/et de procédés dangereux susceptibles de provoquer un accident entraînant des conséquences immédiates graves pour le personnel, les riverains, les biens et l'environnement. En l'espace de quelques semaines seulement, le Maroc a connu la nature de l'un et de l'autre. Dans le cas de l'usine de carton, une négligences a été la cause de trois gigantesques explosions qui ont réveillé les habitants des villes avoisinantes en sursaut au milieu de la nuit. Dans le cas de la Samir, certes les intempéries ont été pour quelque chose dans la catastrophe, il n'en reste pas moins que des tuyaux, qui traînaient là où il ne faut pas, ont amplifié l'ampleur de la catastrophe. Résultat : les dégâts ont été tels, qu'il n'était plus question de passer sous silence de tels incidents. Dans les deux cas, les pertes humaines et matérielles sont considérables. Mais ce n'est que le haut de l'iceberg. D'autres unités industrielles ne disposent même pas du minimum requis pour prévenir ou faire face à de telles catastrophes. Ceci n'est plus un secret pour personne. Entre la vétusté des installations et les fautes d'inadvertances, nous voilà installés sur de véritables poudrières. Une telle situation ne mériterait-elle pas un débat national pour mobiliser, à notre tour, toutes les sensibilités pour éviter que de telles catastrophes ne se reproduisent ? L'on serait tenté alors de se poser la question suivante : Nos managers ont-ils conscience des risques qui planent sur leurs entreprises ? Si oui, quelles sont les dispositions et les processus qu'ils mettent en place pour parer d'urgence en cas de catastrophe ? Pas tout à fait, assure Zaki Sekkat, docteur ingénieur du Laboratoire d'expertises, d'études et d'essais L3E. Selon lui, les industriels commencent à peine à prendre conscience des dangers les guettent mais le déficit est énorme. La législation est vétuste et peu appliquée et les « opérateurs ne connaissent même pas les normes de sécurité ». Qui dit mieux ! Seules les grandes entreprises, filiales de multinationales ou de groupe, nationaux ne lésinent pas sur les moyens pour se prémunir contre tout imprévu. Ceux qui ont enclenché un processus de management de qualité sont les plus sensibles à cette question. Au niveau de l'OCP, des services de sécurité sont mis en place au niveau de les sites de production et d'extraction. Deux plans d'urgences sont mis en place. Le premier appelé POI (Plan d'opération interne) concerne les risques sur le site de production. Un autre, appelé PPI (Plan particulier d'urgence), concerne les incidents qui pourraient avoir un impact sur les régions environnantes. Il implique toutes les autorités de ces régions, indique-t-on au niveau de l'Office.