Le gouvernement israélien pense qu'une offensive conduite par les Etats-Unis contre l'Irak pourrait se produire début février. Cette évaluation découle probablement du fait que les inspecteurs en désarmement de l'ONU ont jusqu'au 27 janvier pour rendre leurs conclusions. Comme pour compliquer encore plus la mission des experts des Nations Unies, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, affirme disposer d'informations selon lesquelles Bagdad a placé récemment des armes non conventionnelles en Syrie. « Nous sommes sûrs que Saddam Hussein a récemment transféré des armes chimiques ou biologiques en Syrie », soutient Sharon. « Saddam Hussein a voulu cacher ses armes, et je pense que les Américains le savent », a dit Sharon avant d'ajouter que « des experts et des savants irakiens travaillent dans l'industrie nucléaire en Libye ». Il a également accusé l'Autorité palestinienne d'entretenir des relations avec Bagdad. « un ministre palestinien a récemment été à Bagdad pour des besoins de coordination », a-t-il indiqué sans fournir de preuves. Sur la crise elle-même, il a affirmé « qu'il aura la guerre, et je sais plus ou moins quand. Cela comporte des dangers, mais nous avons pris toutes les dispositions pour défendre Israël en coordination étroite avec les Etats-Unis ». « Israël et les Etats-Unis ont considérablement amélioré leurs armements depuis la guerre du Golfe, et les Américains vont attaquer l'Ouest de l'Irak pour y détruire les sites de lanceurs de missiles Scud s'il y en a ». Toujours au chapitre des confidences, on apprend que la CIA a contacté, en juin à New York, trois des chefs des programmes militaires irakiens, dont le conseiller présidentiel, le général Amer al-Saâdi, pour tenter d'obtenir leur défection. Selon l'information rapportée par «Acharq al-Awsat», ce dernier ainsi que l'ex-responsable du programme nucléaire irakien, Jaâfar Zia et un expert du nom de Mehdi Labidi, n'avaient cessé durant leur séjour dans un hôtel de New York, d'^être approchés par la CIA. Des agents de l'agence américaine de renseignement ont utilisé l'argument de l'argent avec les trois hommes arrivé aux Nations unies pour négocier la reprise des inspections des armements irakiens. Au mois un membre de la délégation irakienne s'est vu proposer « une valise pleine de dollars ». Le journal indique que Bagdad a informé l'ONU des tentatives de la CIA et fait état de ces harcèlements dans ses correspondances à Kofi Annan. Dans cette même approche de contacts et d'initiatives plus ou moins occultes, l'Arabie saoudite a nié avoir conseillé au Président Irakien Saddam Hussein d'abandonner le pouvoir et réaffirmé son refus de participer à une agression contre lui. « Nous n'avons pas demandé à la direction irakienne d'abandonner le pouvoir. Peut-être que d'autre l'ont fait", a déclaré le chef de la diplomatie saoudienne qui a réitéré le refus de son pays de toute action militaire américaine contre l'Irak. « Si le Conseil de Sécurité approuve une guerre, cela nécessitera une coopération de la part de tous les pays, mais cela ne signifie pas que tous les pays doivent prendre part à une action militaire. Certainement, nous n'allons pas participer à une action militaire », a souligné le Prince saoudien. Le fait de permettre aux forces américaines et britanniques d'utiliser la base du Prince Sultan pour contrôler les zones d'exclusion aérienne dans le Sud de l'Irak « ne signifie pas que le Royaume attaquera l'Irak ou permettra des attaques contre l'Irak à partir de son territoire ». Le Prince Saoud al-Faïçal a affirmé, en outre, être satisfait de la coopération de Bagdad avec les inspecteurs en désarmement de l'ONU et souhaité que leur rapport aide à faire éviter une action militaire. En Irak, ces derniers ont franchi une nouvelle étape avec l'audition, formelle, d'un scientifique irakien lié au programme nucléaire passé de Bagdad. Le professeur Abdannour Sabah a consenti un long entretien concernent « des activités techniques en Irak », souligne un communiqué de la mission d'inspection qui a précisé que le scientifique avait demandé et obtenu la présence lors de l'audition d'un représentant des autorités irakiennes. Sur le terrain, les experts de l'ONU ont lancé hier, jour de Noël, de nouvelles inspections de sites militaires, dont l'un est spécialisé dans les missiles. À New York, au siège des Nations Unies, un des adjoints du secrétaire général Kofi Annan a précisé que les Etats-Unis n'avait pas autorité de retirer les inspecteurs en désarmement de l'Irak « sans une résolution du Conseil de Sécurité ». Il a affirmé, d'autre part, que le succès de la mission des inspecteurs exige de la patience.