Avec le vote de la Loi de Finances pour l'année 2003 par la Chambre des Représentants, le nouveau dispositif institutionnel issu des élections du 27 septembre dernier est achevé dans ses divers aspects. Le budget, en tant qu'instrument névralgique de la politique économique du pays, est désormais connu. Avec le vote de la Loi de Finances pour l'année 2003 par la Chambre des Représentants, le nouveau dispositif institutionnel issu des élections du 27 septembre dernier est achevé dans ses divers aspects. Le budget, en tant qu'instrument névralgique de la politique économique du pays, est désormais connu. À rapprocher du contenu de la Déclaration de gouvernement de Driss Jettou, la Loi de Finances se caractérise de prime abord par la marge de manœuvre étroite découlant de la continuité relative en matière d'orthodoxie budgétaire. Une orthodoxie mise en cause par un certain nombre d'opérateurs et d'analystes, notamment parmi ceux qui estiment que la pression sociale et les besoins du pays, en termes de leviers de développement, rendent indispensable d'introduire dans l'approche budgétaire nationale des éléments de souplesse devenus de plus en plus indispensables pour soulager des mécanismes sociaux menacés de grippage. Le ministre des Finances, Fathallah Oualalou, par son maintien même à son poste dans la nouvelle équipe, traduit la continuité en matière d'approche économique et un gage envers les partenaires financiers internationaux du Maroc. Cependant, il a multiplié lui-même devant la représentation nationale, à l'occasion de la défense de son budget, les allusions plus ou moins explicites à une certaine forme d'évolution de sa philosophie en matière budgétaire. Effet Jettou ou prise en compte des limites de l'orthodoxie et de la discipline chevillée aux indicateurs des sacro-saints grands équilibres élevés au rang de tabou ? Certainement les deux. Si l'on tient compte de la pression sociale et des énormes besoins du pays en termes socio-économiques et de mise à niveau, coûteuse et exigeante, dans tous les secteurs. L'appréciation générale est que la machine économique marocaine est aujourd'hui tellement anémiée qu'elle a fortement besoin d'une assistance renforcée et de soins intensifs pour espérer retrouver un rythme de croissance soutenu, une production des richesses conséquente et une répartition des revenus plus équitable et plus motivante pour tous. Comme le ministre Oualalou l'a laissé entendre, à quoi servent les bons points et les accessits récoltés par le Maroc depuis plus de vingt ans auprès des institutions financières internationales si le niveau de performance de son économie ne cesse de se dégrader, si les déficits sociaux ne cessent de se creuser et si, en définitive, il est souvent contraint à végéter et à arrondir ses fins de mois avec des bouts de ficelle et des artifices ? Sachant que même les recettes « providentielles » des privatisations ne sont certainement pas inépuisables, le Maroc a besoin de mobiliser toutes ses ressources et son potentiel de développement pour être en mesure de tenir les rendez-vous décisifs dont les délais nous en séparant raccourcissent à vue d'œil. Dans cette démarche, le gouvernement a besoin de donner l'exemple de l'audace dans les initiatives, de l'innovation dans les procédures et de l'efficacité dans le suivi des chantiers. Cette pédagogie par l'exemple est la seule qui pourra avoir l'effet d'entraînement nécessaire à un vrai décollage économique du pays.