R.D. du Congo. L'accord politique signé mardi par l'opposition et le pouvoir congolais intervient après des mois de tractations parrainées par Pretoria. Garant de la paix, il engage l'avenir d'un pays meurtri par des années de conflit. «En sa qualité de garant de la nation, le président de la République s'engage à assurer la sécurité de tous les Congolais. Il en appelle toutefois à la bonne volonté des acteurs politiques de chaque composante pour une mise en application responsable de cet accord global que chaque partie a librement signé». Par ce communiqué publié mardi, Joseph Kabila s'est officiellement porté garant de l'avenir politique de son pays qui venait d'être scellé en Afrique du Sud. Cet accord de Pretoria, volet politique prévu par les accords de paix inter-congolais de Lusaka en 1999, a pour la première fois réussi à mettre d'accord toutes les parties prenantes d'une guerre douloureuse et dévastatrice. Une guerre à laquelle ont été mêlés presque tous les Etats voisins, surtout le Rwanda et l'Ouganda, soit en y envoyant leurs propres armées, soit en y soutenant les groupes rebelles locaux (le RCD pour Kigali et le MLC pour Kampala). Déclenché en août 1998, ce conflit avait été provoqué par une rébellion de combattants tutsis - d'origine rwandaise - dans l'Est, avant d'impliquer le pays puis toute la région des Grands-Lacs. Avec à ses côtés des troupes du Zimbabwe et d'Angola, Kinshasa a plus ou moins réussi à cantonner les groupes les plus actifs - le Mouvement de libération du Congo et le Rassemblement congolais pour la démocratie - à l'Est. Dans cette région, au conflit de pouvoir se sont ajoutés des massacres ethniques qui ont fait des milliers de morts, 5000 pour la seule année 1999, au cours de laquelle la mission d'observation de l'ONU - la MONUC – a été déployée. Lorsque Joseph Kabila est arrivé au pouvoir le 26 janvier 2000, après l'assassinat de son père, il a promis de relancer le processus de paix dans le pays. Mais la guerre a continué de façon plus ou moins sporadique entraînant avec elle la mort de quelque deux millions et demi de personnes... Ce n'est qu'en 2002 que le processus de paix est effectivement relancé sous les auspices de l'Afrique du Sud et de son président Thabo M'beki. Fin février sont ouvertes les Assises à Sun City avec un premier espoir de résolution du conflit. En vain. Des violences font au moins 200 morts en un jour, le 14 mai, à Kinsangani, dans l'Est. Parallèlement, les négociations entre Kinshasa et les pays voisins se poursuivent pour finalement aboutir à plusieurs accords de retrait des troupes étrangères de la RDC : celles du Rwanda le 30 juillet, puis celles d'Ouganda, le 6 septembre, et du Zimbabwe le 4 octobre. Ces départs ravivent cependant les violences, les groupes rebelles essayant de contrôler les localités et zones désertées, comme les milices Maï-Maï – liées au pouvoir – à Uvira, et le RCD dans le Sud-Kivu, mi-octobre. Pillée par des responsables politiques du pays mais aussi par les pays voisins et les multinationales – notamment pour ses importantes réserves de diamant et de bois -, ravagée par quatre années de conflit, la République démocratique du Congo ne renonce cependant pas jusqu'à finalement signer la paix, mardi, en Afrique du Sud. Un accord qui va lui permettre de se doter d'un régime de transition, que le pouvoir actuel, les groupes armés rebelles, les opposants politiques et la société civile se sont partagés. Présidé durant les deux prochaines années par le chef d'Etat actuel Joseph Kabila, assisté de quatre vice-présidents, le pays sera gouverné par toutes les composantes congolaises présentes dans les 36 portefeuilles ministériels et 25 postes de vice-ministres prévus. De même que dans les 120 sièges du futur Parlement. Cette union transitoire projette d'amener le pays vers des élections libres en 2004, les premières depuis celles qui avaient consacré l'indépendance du Congo belge, alors devenu Zaïre, en 1960 ! La RDC pourra-t-elle relever le défi ? Les partenaires de l'accord de Pretoria ont affirmé que cette paix était la bonne. Elle ne le deviendra véritablement que si les Congolais retrouvent la sécurité et la confiance alors que les violences sont toujours présentes dans diverses régions d'un pays qui compte pas moins de 400.000 hommes armés.