Il a suffi d'une seule petite phrase dans la lettre royale, adressée il y a quelques jours aux participants à la conférence de l'Isesco sur l'enfance, pour que les réseaux sociaux et particulièrement féministes s'embrasent et s'emballent quant à la nécessité de réviser la Moudawana de 2004. C'est le signe que les Marocaines et Marocains sont prompts à ouvrir, sans craintes, les débats au sujet des grandes et profondes questions d'ordre sociétal. C'est aussi la preuve que la démarche progressive est la seule voie viable pour opérer et/ou accompagner les changements que connaît le pays tout en préservant le socle des fondamentaux qui fait la cohésion d'une nation. Les jeunes générations, naturellement, sont souvent et toujours pressées de chambouler l'ordre établi. Il appartient à leurs aînés de les aider à trouver la meilleure voie. Et pour débattre des questions sociétales en toute sérénité, la première condition sine qua non est de se défaire d'abord des étiquettes, des appartenances et des autres clivages basés sur le sexe, l'âge, les conditions sociales, le mode de pensée ou autres. Il faudra barrer la route à ceux qui, à toutes les occasions, veulent absolument réduire le débat sociétal à des clivages entre générations, entre modernistes et conservateurs, entre arabophones et francophones. Le projet de société appartient à tous les Marocains dans leur diversité et avec leurs différences qui sont, en réalité, des sources de richesse et non pas de conflits comme tentent de l'exploiter certains, y compris parmi la classe politique. C'est en cultivant, en acceptant et en respectant les différences qu'on peut débattre en toute sérénité, par exemple, de questions qui peuvent paraître complexes, voire taboues, comme l'héritage, la polygamie, l'avortement...