La Lydec se veut un prestataire de services de confiance et de proximité vis-à-vis de sa clientèle. Le ministère des Finances ne lui facilite pas la tâche. Depuis l'assujettissement des redevances fixes d'assainissement prévu par la loi de Finances 2005, le consommateur a du mal à faire la part des choses. Le citoyen marocain a commencé l'année 2005 avec le rictus devant sa facture d'eau et d'électricité. Une hausse non annoncée et inattendue vient de s'ajouter au désagrément, puisqu'elle érode davantage le pouvoir d'achat des petites gens qui ont déjà un grand mal à joindre les deux bouts. La confusion règne dans les esprits et incrimine spontanément la Lydec. La vérité est autre. « Le ministère des Finances utilise le réseau bien organisé de la Lydec pour renflouer ses caisses en matière de TVA », tels sont les propos d'Eric De Seguins Pazzis de la direction Marketing, Planification et Contrôle de la Lydec. En effet, ce sont les redevances fixes d'assainissement qui sont derrière la hausse de la facture. Ces dernières se sont vues assujetties depuis le début de l'année à une TVA de l'ordre de 7% en conformité avec la loi de finances 2005. Ce qu'il faut savoir, c'est que ces redevances constituent en moyenne quelque 20% du montant global de la facture d'eau et d'électricité. La hausse marquée par les factures n'a donc rien à voir avec les 100% que colporte la rumeur. Mises à part les discussions au coin des rues qui n'hésitent pas à parler de la facture corsée au double, certains forums sur le Web ont même ouvert les débats en guise d'exutoire pour calmer les ardeurs. En tout cas, les spéculations vont bon train, puisque le citoyen marocain semble ne pas être pris en considération par le ministère des Finances en matière de communication. «Pour informer notre clientèle, nous avons dû incorporer un message dans la facture destinée aux particuliers et adosser une lettre d'explication aux entreprises», fait remarquer l'un des responsables au sein de la direction Marketing, Planification et Contrôle de la Lydec. Cette action informative réduite à son sens le plus restreint est passé sans attirer l'attention. Il est évident que le problème se pose essentiellement pour les particuliers, puisque les entreprises récupèrent la TVA. Ce sont les particuliers qui se retrouvent doublement pénalisés en tant que consommateurs de basse tension, laquelle n'a connu pratiquement aucune baisse dans la tarification. Pour information, les unités industrielles consommatrices de moyenne et haute tensions ont profité de baisses successives durant les années écoulées en guise d'encouragement à l'économie et en réponse aux doléances de leurs lobbies. «Les factures d'eau et d'électricité au Maroc sont élevées relativement par rapport au pouvoir d'achat du citoyen marocain et par rapport aux tarifications pratiquées en France par exemple», n'hésite pas à remarquer Eric De Seguins Pazzis. Pour ce dernier, il y a encore beaucoup de chemin à faire en matière de resserrement des relations avec le consommateur. « Au Maroc, il n'y a pas d'association organisée pour défendre les intérêts du consommateur à l'instar de ce qui existe en Europe! », s'étonne-t-il. Ceci est encore plus compréhensible en considération de la TPPA, cette taxe sur le paysage audiovisuel que paie la totalité des clients de la Lydec, indépendamment du fait qu'ils aient un poste de télévision ou pas. L'existence même de cette taxe illustre parfaitement son incongruité. Cette taxe avait, depuis sa mise en place il y a une dizaines d'années, suscité une grosse polémique dénonçant son caractère anti-constitutionnel. La mise en place de la TVA sur les redevances fixes d'assainissement n'arrange pas non plus les choses. La Lydec ne voit pas cela d'un bon œil. « Il est clair que la décision de la Loi de finances 2005 d'assujettir les redevances fixes d'assainissement à une TVA de 7% entache nos actions marketing visant à installer un climat de confiance avec nos clients particuliers ». La Lydec ne baisse pas les bras pour autant. Dans sa volonté d'aller de l'avant en vue de gagner la confiance des usagers, elle vient de mettre en place un Centre de Relation Clientèle. C'est une unité qui se donne pour ambition d'être « une interface professionnelle dédiée au traitement le plus complet possible des demandes des clients », comme l'explique Alain Le Roux, directeur adjoint des Opérations de la Lydec. Il n'y a rien à dire, la Lydec a bien choisi le timing pour l'inauguration de son Centre : il vient à point nommé pour faire oublier un tant soit peu l'impact désagréable au goût du consommateur de la hausse de sa facture d'eau et d'électricité !