La campagne d'assainissement actuelle est de nature à remettre de l'ordre dans le secteur. Seulement, les dépassements enregistrés suscitent des remous chez les professionnels. La campagne d'assainissement menée par les services de la wilaya de Casablanca se poursuit « doucement mais fermement », comme l'avait annoncé le wali du Grand Casablanca, Driss Benhima, lors d'une rencontre avec la presse au début de cette année. Après les terrasses des cafés pour l'occupation illégale et anarchique de l'espace public, les snacks, pour le non-respect des normes d'hygiène et le délabrement de l'état des lieux, à l'intérieur comme à l'extérieur. C'est le tour des laiteries. Dans ce secteur, la campagne actuelle est entreprise pour le non-respect des normes d'hygiène, l'exercice d'autres activités, en parallèle, sans autorisation, la transformation de certaines laiteries en gargotes où l'on prépare des plats, omelettes, œufs durs, vente d'autres produits, même les cigarettes au détail, etc. L'autorisation délivrée pour une laiterie ne permet que le commerce des produits laitiers et leurs dérivés, beurre, crème, fromage et des gâteaux. Mais, depuis longtemps, presque aucun responsable des «mahlabates» de Casablanca ne respecte l'autorisation qui lui a été délivrée pour l'exercice de cette activité. Et depuis longtemps, aucun d'eux n'a été inquiété. Dans certains cas, il est impossible de savoir de quel genre de commerce il s'agit. Les produits laitiers, l'alimentation générale, les casse-croûtes, le petit-déjeuner le matin, « harcha », « msemen », thé, café, etc. Chaque laiterie emploie entre trois et six personnes. Deux responsables, et les autres sont généralement des petits-enfants issus du bled, ils s'occupent de la cuisine, et passent la nuit dans la boutique. La situation présente des dangers d'abord pour ces employés. Des bonbonnes de gaz, pas de toilettes, un espace très étroit, non aéré et souvent humide. Ensuite, les produits préparés dans ces conditions présentent des risques d'intoxication pour les consommateurs. On se rappelle le cas de sept enfants âgés de six à douze ans qui ont été victimes d'une intoxication alimentaire après avoir consommé de la « Mâakouda », friture à base de pomme de terre et d'œufs dans une gargote de l'ancienne médina à Rabat (Souika), la fin de l'année dernière. L'infection est due elle-même à la présence d'un microbe, salmonellose, dans les œufs de poules atteintes de fièvre typhoïde. Il faut dire que la campagne actuelle est de nature à remettre de l'ordre dans le secteur et permettre à la capitale économique du pays d'être dans les normes internationales. Seulement, comme il a été constaté lors des précédentes campagnes, les dépassements des services de la wilaya suscitent des remous chez les professionnels. On procède à la fermeture pour certains et l'on ferme les yeux sur les activités des autres. « ça fait des années qu'on exerce notre activité de la sorte. On respecte les normes de l'hygiène. Maintenant si le commerce se limite aux seuls produits laitiers, il vaut mieux fermer. Les membres de la commission somment certains de se conformer aux règles qu'ils imposent au moment où ils n'inquiètent pas d'autres », affirme le gérant d'une laiterie dans la préfecture de Casa-Anfa. Deux poids, deux mesures. En plus, cette campagne aura des répercussions négatives sur le secteur. Des dégâts matériels importants seraient occasionnés et la perte des centaines d'emplois.