Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Tanger. Au box des accusés se tient Abdelaziz, âgé de quarante-six ans, marié et père de trois enfants et originaire de Sidi Kacem. Parti à Tanger pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa famille, il s'est retrouvé avec un crime de meurtre sur le dos. Poursuivi pour homicide volontaire, il affirme devant la Cour qu'il n'avait pas l'intention de tuer, mais uniquement de se défendre. L'affaire remonte à quelques mois quand les éléments de la police de la ville ont été avertis d'un meurtre dans un domicile. En y arrivant, ils remarquent un homme gisant dans une mare de sang et présentant une grave blessure au niveau de la poitrine. A côté, Abdelaziz, celui qui a commis le meurtre, n'a pas quitté la scène. Il tient sa tête entre les mains et n'arrive pas à tenir ses larmes. Il semble qu'il est convaincu qu'il s'est jeté dans un gouffre sans issue. Que s'est-il passé pour qu'il arrive à ce stade ? Abdelaziz a affirmé aux enquêteurs qu'il a loué une chambre chez la victime qui est également le propriétaire du domicile. Après quoi, il est retourné chez lui à Sidi Kacem pour apporter ses affaires et rebrousser chemin à Tanger. Mais, entre-temps, il a perdu la clé de la chambre. C'est la raison pour laquelle il a brisé le cadenas de la porte. Ce qui n'a pas plu au propriétaire. «C'est lui qui m'a provoqué en me menaçant avec un couteau», précise-t-il devant la Cour. Et d'ajouter qu'il a saisi lui aussi un couteau afin de se défendre, pour le blesser gravement. Malheureusement, la victime a rendu l'âme. Avant que la Cour ne délibère sur l'affaire, Abdelaziz précise, lors de son dernier mot, qu'il n'avait pas l'intention de le tuer. Verdict : 25 ans de réclusion criminelle.