Le Recteur de l'Institut royal de la culture amazigh (IRCAM), Ahmed Boukous, estime que l'Institut n'est pas concerné par le débat politique sur la constitutionnalisation de l'amazigh. ALM : L'IRCAM vient de finaliser l'ouvrage scolaire "Tifawin 2". Quelles sont les différences entre ce manuel et le "Tifawin 1"? Ahmed Boukous : Le manuel Tifawin 2 s'adresse aux élèves de la seconde année du primaire. Il s'inscrit dans la continuité de Tifawin 1 du point de vue de l'approche pédagogique. L'équipe de l'IRCAM qui l'a réalisé a évidemment capitalisé l'expérience de l'année passée en matière de contenu cognitif, d'iconographie et de standardisation de la langue. L'IRCAM utilise une écriture tifinaghe assez particulière, baptisée d'ailleurs, Tifinaghe-Ircam. Qu'en est-il exactement? En effet, le système graphique développé par les chercheurs de l'IRCAM constitue une avancée par rapport aux variantes utilisées ailleurs. Ceci a été possible grâce au projet de codification qui a été réalisé à l'IRCAM et qui a reçu, je vous le rappelle, l'aval de ISO-Unicode. La prochaine étape réside dans les applications informatiques du tifinaghe-Ircam, notamment les polices, le tri, le vérificateur de grammaire et d'orthographe. L'objectif est l'usage de l'amazigh par le moyen de tifinaghe-Ircam à travers les logiciels de la bureautique, la communication par Internet et le e-learning. Quelles sont les principaux chantiers lancés par l'IRCAM? L'Ircam mène de front des activités qui embrassent plusieurs champs. Nous pouvons d'ores et déjà dire que l'impact psychologique est grand sur les gens, toutes catégories confondues. Cependant, les deux priorités pour le moment sont l'enseignement et les médias. Dans le domaine de l'enseignement, nous espérons pouvoir approfondir et élargir l'expérience de 2003 avec la collaboration du ministère de l'Education. Dans cette perspective, l'IRCAM a réalisé le manuel de l'élève et le guide de l'enseignant pour la deuxième année. L'IRCAM a également encadré des sessions de formation des enseignants dans plusieurs académies du Royaume. Nous espérons que les problèmes rencontrés l'année dernière, et qui ne sont pas de notre ressort, seront aplanis cette année. Dans le domaine médiatique, les ambitions de l'IRCAM sont grandes, des projets importants sont en discussion avec le ministère de la Communication, avec TVM et 2M. Je suis convaincu que la libéralisation du champ télévisuel devrait s'enrichir de manière consistante en accueillant l'amazigh. L'IRCAM a réalisé beaucoup de choses en peu de temps. Nous restons cependant modestes, nous sommes à l'écoute des propositions et des critiques constructives. La promotion de l'amazigh est l'affaire de tous, c'est un travail de longue haleine, également. Aujourd'hui, la scène politique et associative est caractérisée par le débat sur la réforme de la Constitution. Qu'elle est la position de l'Ircam, ou la vôtre, sur la constitutionnalisation de l'amazighité? L'IRCAM est une institution officielle à caractère culturel. En tant que tel, il n'est pas habilité à intervenir sur les questions de nature politique. Personnellement, en ma qualité de recteur, je m'en tiens au devoir de réserve sur cette question.