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Petite affaire, grands soucis
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 11 - 12 - 2002

Pédégé de Privair, Hicham Benamour s'est retrouvé à son corps défendant pris dans un imbroglio politico-judiciaire qui le dépasse. Dessous d'une affaire où la justice a eu la main lourde…
Au fond de sa cellule de Oukacha à Casablanca, Hicham Benamour, 30 ans, rumine son malheur. Ce jeune homme qui vient de se marier, fils d'un ancien militaire reconverti dans le secteur de la chaussure, vient d'écoper d'un an de prison ferme pour une petite imprudence dont il s'est rendu coupable aux yeux de la justice. Le jeune détenu, qui a interjeté appel par le biais de son avocat Mohamed Karam, garde bon espoir de retrouver rapidement la lumière de la liberté.
En attendant, l'accusé est au centre d'une affaire inhabituelle qui a débouché sur sa condamnation pour fausse information, mercredi 4 décembre, par le tribunal de Aïn Chock-Hay Hassani. Une affaire de pièces de rechange d'avions militaires qui a pris rapidement une tournure politique. Tout a commencé lorsque Hicham Benamour, pédégé de Privair, une société d'aviation installée dans l'ancien aéroport d'Anfa, s'est mis en tête de réparer un C130 libyen immobilisé depuis 199O dans un hangar de la RAM à l'aéroport Mohammed V. Pour libérer son local, la compagnie aérienne marocaine intentera une action en justice. Celle-ci sera à son tour saisie par le représentant libyen pour récupérer l'appareil, rattrapé entre-temps par l'embargo décrété contre la Jamahiria le 31 mars 1992. Par un jugement prononcé au cours de 2000, le tribunal de Aïn Chock-Hay Hassani autorise le plaignant libyen à reprendre l'avion en question qui appartient à la société nationale de cargo, filiale de Libyan airlines. Seulement voilà. L'avion, qui est destiné, selon le propriétaire, à un usage civil pour le transport de marchandises, n'est pas en état de marche. Pour qu'il puisse voler de nouveau, le C130 a besoin d'être réparé. Lancement d'un appel d'offres d'un montant de près de 40 millions de Dhs. L'heureux adjudicataire sera Privair qui demandera à la RAM, dans le cadre d'un arrangement mutuel, de garder l'avion dans son hangar le temps qu'il subisse les réparations nécessaires. Reste à se procurer les pièces détachées. Titulaire d'un diplôme de commerce décroché aux Etats-Unis, homme d'affaires dynamique et ambitieux, M. Benamour contacte via Internet des fournisseurs étrangers de ce genre de matériel. Parmi lesquels figure le groupe américain Derco Aérospace.
Le client lui passe commande de deux lots. Le premier, qui sera livré, payé à hauteur de 11.000 Dollars. Avant de convoyer le deuxième lot pourtant réglé d'avance, Derco demande à Privair de lui fournir l'identité de l'utilisateur final des pièces. Dans sa réponse écrite, l'intéressé cite un certain nombre d'organismes dont les FRA (les forces Royal Air). Il se trouve que Derco travaille avec ce corps de l'armée marocaine. Vérification faite, il s'est avéré que Privair a menti. Dès lors, l'affaire est devenue grave aux yeux des Américains…Le Maroc qui assure sur son sol l'entretien d'un avion C-130 appartenant à un pays toujours sous embargo militaire… “Une situation pour le moins inconfortable pour les autorités marocaines qui ont peut-être craint de voir Washington soumettre le Royaume au même embargo…Imaginez les conséquences pour un pays qui bénéficie de l'assistance militaire US“, déclare une source proche du dossier.
Elle ajoute: … “Ajoutez à cela les événements dramatiques du 11 septembre provoqués par des avions transformées en bombes volantes“. Ce qui laisse entendre que le prévenu a été victime de la conjoncture internationale marquée par le terrorisme… Et pour démontrer qu'il n'aide pas volontairement l'État libyen toujours suspect aux yeux de Washington, l'État marocain a saisi la justice pour anticiper sur une éventuelle réaction américaine… Quel engrenage !
Les enquêteurs de la gendarmerie s'emparent donc rapidement de ce dossier embarrassant et interpellent Hicham Benamour vers la mi-novembre 2002. Au cours de l'interrogatoire, l'accusé a expliqué sereinement que le fait qu'il ait mentionné les FRA parmi ses clients relève d'une technique marketing visant à valoriser son entreprise…
Disposant d'une dizaine d'appareils dont deux hélicoptères Robinson, faisant travailler une centaine de personnes, Privair est une société prospère. Avec un éventail d'activités : Transport sanitaire international, maintenance des moteurs, cours de pilotages et vols charter.
M. Benamour a péché certainement par inconscience et par naïveté. Il ne voulait nullement nuire à l'armée marocaine. Mais ce qu'il ne savait pas probablement c'est que les pièces détachées de tout ce qui est matériel militaire est répertorié avec des numéros de série. Ce qui permet aux Américains de connaître à l'avance leur destination. D'ailleurs, la société Sogerma, autre fournisseur français des pièces détachées des appareils militaires contacté par Privair pour lui livrer un moteur pour C-130, a avisé les FRA dès que M. Benamour leur a donné les références de l'avion. À partir de ces dernières, Sogerma a su que le moteur demandé était destiné à un appareil libyen…
Au vu des faits et de sa bonne foi, Hicham Benamour ne mérite pas le sort qui lui a été infligé…La justice marocaine a eu la main lourde dans une affaire, il est vrai, qu'elle n'a pas l'habitude de traiter.
L'accusé, qui ne cherchait qu'à réparer un petit avion qui plus est à usage civil, s'est retrouvé embarqué à son corps défendant dans une histoire politico-militaro judiciaire après que l'État marocain en tant que partie civile s'est retiré du procès… Une affaire où interviennent dans le fond et en arrière-plan trois États : les Etats-Unis, le Maroc et la Libye…


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