En marge des travaux du séminaire de la Jeunesse Ittihadia, prévu pour le week-end prochain, nous avons tenu à connaître le point de vue de son secrétaire général, Soufiane Khairate, sur les préoccupations de son organisation. Entretien. Quel bilan brosse la Jeunesse ittihadia depuis son dernier congrès ? Soufiane Khairate : la tâche principale dont s'est doté le congrès était de répondre à la question principale portant sur la fonction principale de la JI dans la conjoncture actuelle? Car, nous avons constaté durant les quatre ou cinq dernières années que la JI n'accomplissait plus son rôle, comme elle le faisait dans le passé, notamment en ce qui concerne sa présence militante au sein du campus universitaire, et dans les champs traditionnels de son action, c'est-à-dire dans le domaine associatif et éducatif. Une situation qui n'est pas due seulement aux problèmes internes de la JI, mais également à la situation au sein de l'USFP. En ces moments, le parti ne disposait pas de structures organisationnelles, ni d'instances dirigeantes ou de visions stratégiques. Or, cette situation a contribué à la transformation de la JI en un lobby au sein du parti. Mais après le sixième congrès et la rupture avec un certain legs organisationnel, le terrain a été balisé devant les jeunes pour jouer leur rôle comme auparavant. Donc, le premier apport du congrès est d'avoir doté la JI d'un outil de réflexion sur les domaines traditionnels de son intervention, à savoir les secteurs étudiant et lycéen et les associations. Juste après le congrès, nous avons organisé l'université d'été, qui a regroupé quelque 1400 personnes et qui avait deux objectifs principaux : d'abord être au fait de la situation organisationnelle dans les sections et provinces. Le deuxième objectif est de se doter d'un nouveau souffle avant les élections. Quelle lecture faites-vous des résultats des élections du 27 septembre ? La première conclusion c'est la mise en relief du vrai poids de l'islamisme au Maroc. L'islamisme n'est plus l'effet politique d'une certaine crainte psychologique, mais une réalité politique chiffrable en termes électoraux. La deuxième conclusion c'est que l'USFP, qui a gouverné pendant quatre années et qui devait subir l'usure du pouvoir, a pu, tout de même, avoir la première place. Mais qu'est-ce qui explique la contestation de la JI vis-à-vis de la direction du parti ? Nous estimons que le Maroc a vécu une expérience exceptionnelle dans son histoire, et nous avons dit que le bilan essentiel de ce gouvernement est d'avoir garanti l'organisation d'élections libres et transparentes. Cependant, par la suite, nous avons été doublement choqués. D'abord, par la nomination de Driss Jettou en tant que Premier ministre, ensuite par la composition du gouvernement. En fait, nous avons cru à la période de la transition démocratique. Après la déclaration du Bureau politique faisant état de l'abandon de la méthode démocratique et la tenue du Comité central du parti qui a chargé le bureau politique d'engager les négociations avec M. Jettou, nous espérions voir un redressement relatif de la situation, mais en vain. Notre surprise était encore plus grande lors de l'annonce de l'équipe gouvernementale. Le premier parti au gouvernement, à présent, est celui des non partisans. A cela s'ajoute l'absence de référents politiques et de perspectives claires. Et qu'en est-il des perspectives de votre parti ? Nous estimons que la participation de l'USFP au gouvernement ne va pas l'engager corps et âmes comme lors l'expérience de l'alternance. Pour le moment, il faudrait se pencher sur l'édification des structures du parti, dont en premier lieu la JI et le front syndical. L'USFP a besoin de se restructurer pour reprendre sa place au sein de la société. Et concernant la JI ? Nous continuerons notre marche et nos plans d'action, conformément aux résolutions et recommandations de notre dernier congrès, notamment en ce qui concerne l'Université et le Mouvement estudiantin ainsi qu'au niveau de la société civile. Il n'y a pas de fin d'histoire pour nous. Et c'est là notre différence avec l'équipe qui nous a précédés dans le Bureau national. Concrètement, quelle stratégie adopteriez-vous au niveau des universités ? Au moment où nous avions entamé les préparatifs du congrès, il y a eu une absence quasi-totale du secteur étudiant. Parce que l'expérience précédente ne le permettait pas. Certes, nous avions des étudiants, mais pas de structures organisationnelles estudiantines. Sur ce, nous avons considéré ce secteur comme étant une priorité pour la JI. Pour ce qui est des perspectives, d'abord, nous allons ouvrir un débat avec nos adhérents et, ensuite avec notre parti sur l'identité actuelle du mouvement étudiant et ses fonctions, étant donné le changement profond connu par ce mouvement et la dégradation de l'importance du rôle de l'université dans ses rapports avec son environnement global et vis-à-vis de l'Etat en particulier. Des donnes qui expliquent, en partie, le déclin de l'UNEM (Union nationale des étudiants du Maroc). En outre, il faudrait réfléchir, d'une manière collective, sur un nouveau projet de l'Université. Mais hormis ce travail de réflexion, y'a-t-il moyen d'envisager un nouveau retour du mouvement étudiant, notamment à travers la participation aux conseils des universités ? Nous avons discuté de cette éventualité au cours de la dernière session du Comité central de la JI et nous estimons qu'il est encore prématuré de prendre une décision définitive à ce sujet, du moins dans le court terme. Pour l'instant, nous sommes en train d'examiner l'éventualité de cette participation, vu son importance et ses répercussions sur l'organisation de la JI et son avenir.