L'obscurantisme est en train de gagner du terrain. Dans les transports publics, les taxis, grands et petits, les prêches vont bon train. Une action qui prend de l'ampleur. L'ombre de l'obscurantisme serait-elle en train de planer sur notre société ? La question se pose avec acuité ces derniers temps. Dans les mosquées, les moyens de transport publics en commun, les taxis, grands et petits, les cérémonies de mariages et les occasions religieuses, notamment dans les quartiers populaires, les prêches vont bon train. Et la passivité des citoyens complète le reste. Chose qui facilite la tâche à ces prêcheurs intempestifs qui véhiculent au nom de la religion leur discours et tentent de renforcer leurs rangs. À bord des bus, reliant le centre ville de Casablanca et les quartiers populaires, les usagers se sont habitués au discours des prêcheurs ambulants. Des gens, habillés à l'afghane, avec des barbes bien entretenues, les accompagnent jusqu'au terminus. Et tout au long du trajet, le « conférencier mobile » aborde, après avoir rappelé les cinq piliers de l'Islam, la question du bien et du mal et du voile obligatoire pour les femmes. En instaurant un calme dans l'engin roulant, « lorsque le Coran est lu, écoutez… », il démontre comment le premier mène directement au paradis au moment où le deuxième et le troisième conduisent illico à l'enfer. Dans les taxis, petits ou grands, dès que les clients s'installent, le conducteur allume une cassette de Coran, ou de hadith. En conduisant, il répète certains passages. Dans les taxis rouges, certains chauffeurs pourraient oublier le lancement du taximètre mais jamais la cassette provenant de la Mecque. Et lorsque le client réclame à l'arrivée, il lui jure qu'il ne s'agit que d'un simple oubli. Et le trajet est souvent payé plus cher. Et lorsqu'une fille qui ne porte pas le voile emprunte certains taxis, dont les conducteurs sont de véritables prêcheurs mobiles, le sujet du voile est abordé. Le discours de la cassette d'abord et puis son intervention pour bien expliquer à la jeune fille, pressée d'aller à son travail ou de rentrer chez elle, les avantages du voile pour la femme musulmane. Ces mêmes chauffeurs transportent les filles de joies à une heure tardive devant les boîtes de nuit mais sans se comporter de la même façon que pendant le jour. Peut-être qu'il ne s'agit pas de la catégorie ciblée par leurs prêches. Cela, alors que le règlement régissant la profession des conducteurs de petits taxis leur interdit catégoriquement de chercher à influencer le client par n'importe quel discours. Il leur impose d'être présentable. Les pointages sont devenus une pratique formelle. Après les mosquées, les plages, les moyens de transport publics en commun, les quartiers populaires et, aujourd'hui, les boulevards, il faut dire que l'obscurantisme est en train de gagner du terrain.