Conférence inaugurale de la saison de l'Académie du Royaume L'idée de l'Académie du Royaume, qui consacre sa saison actuelle à l'Amérique latine, est pertinente. Elle permet de mieux connaître ce continent. Cet apprentissage a été prodigué, mercredi soir à Rabat, par Fernando Collor de Mello, président de la Commission des affaires étrangères au Sénat brésilien, invité par ce haut lieu du savoir marocain pour y animer la conférence inaugurale de cette saison. Aperçu de l'Amérique latine Comme le précise M. Collor de Mello, lors de cette conférence, l'expression Amérique latine fut utilisée pour la première fois en 1856 par l'écrivain chilien Fransisco Bilbao. Elle est employée, la même année, par le Colombien José María Torres Caicedo. D'après le conférencier, également ex-président brésilien, cette expression désigne la région du continent américain, notamment les pays parlant essentiellement les langues latines, en l'occurrence l'espagnol, le portugais et le français. «Aux Etats-Unis, le terme Amérique latine n'a commencé à être utilisé qu'au début du 20ème siècle», poursuit l'intervenant. Avant de partager ses connaissances, M. Collor de Mello rappelle, lors d'un point de presse précédant cette conférence, que ce continent abrite 350 millions d'habitants. Le responsable saisit également son passage pour aborder des relations entre son pays le Brésil, le Maroc et l'Afrique. L'Atlantique relie l'Amérique latine à l'Afrique En abordant les liens de l'Amérique latine à notre continent, le responsable brésilien ressort le chiffre de 80% du commerce brésilien qui se fait par l'Atlantique. Il estime que cet océan rapproche son pays de ceux qui ont des cultures et des racines similaires. «L'Afrique est un continent où nous avons nos racines. Le Brésil a une très bonne relation avec l'ensemble des pays de l'Afrique avec lesquels nous avons un passé, un présent et un futur», se félicite-t-il. A propos du Maroc, M. Collor de Mello indique que celui-ci est «toujours une découverte». Quant à son pays et à la partie du continent américain à laquelle il appartient, ils ont, selon ses dires, beaucoup de choses à montrer et que le Royaume peut choisir. «Le Maroc a beaucoup d'expériences en agriculture et en eau», avance le responsable brésilien. Il rappelle aussi que l'industrialisation de son pays a commencé dans les années 40. «Le Brésil est un pays industrialisé. Nous pouvons échanger les expériences dans ce sens. Nous sommes ouverts et pouvons construire une très bonne relation économique. Il faut faire des efforts pour consolider nos liens commerciaux», enchaîne-t-il en allusion aux rapports de son pays avec le Maroc. Le Brésil étant déjà le 3ème acheteur auprès du Maroc. Il prend également appui dans le Mercosur, qui est un groupe intégré économiquement et qui allie les pays du Sud de l'Amérique au départ du Brésil. «Nous sommes en train de préparer cet accord Mercosur avec le Maroc pour qu'il y adhère. Ainsi, nous pourrons aller vers le marché africain. Les négociations sont prévues d'être finalisées l'an prochain», révèle-t-il. De la connaissance face aux défis de la mondialisation A propos de la manière dont l'Amérique latine fait face aux défis de la mondialisation, le responsable précise que celle-ci, qu'il prend pour un fait, a donné l'opportunité à cette partie du continent américain de «faire plus rapidement un investissement sur le plan de la connaissance». Mieux encore, il estime que la mondialisation montre qu'il faut faire des efforts diplomatiques à l'égard de la migration, notamment des jeunes. Le nombre de migrants étant de 64 millions dans le monde. «Au Brésil, nous avons 207 millions d'habitants et seulement 10 millions de migrants», précise-t-il. Quand même, il ne nie pas que son pays continue à lutter contre la corruption et les disparités sociales. Un salaire pour les mères d'élèves brésiliens D'après le responsable, le Brésil a une très bonne expérience sur la lutte contre les inégalités qui touchaient des millions de personnes. «Entre 2002 et 2015, nous avons réduit de moitié la pauvreté en se basant sur des programmes sociaux très importants tout en diminuant le taux d'analphabétisme», précise M. Collor de Mello. Le responsable, qui détaille davantage l'expérience de son pays, indique que les élèves passaient deux à trois heures par jour à l'école; après la troisième année du primaire, ces enfants abandonnaient l'école. «Pour aider les familles pauvres, le gouvernement a consacré dans le cadre d'un programme un salaire aux mères des élèves une fois ceux-ci assistent aux cours», explicite-t-il. Le pourquoi du choix de l'Amérique latine Selon Abdeljalil Lahjomri, secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume, le choix de ces pays est fait pour «découvrir et investir intellectuellement ces pays et savoir les solutions qu'ils ont trouvées aux problèmes de développement, notamment dans le domaine de l'éducation et de la lutte contre les inégalités sociales». Aussi, cette conférence inaugurale a été, selon M. Lahjomri, l'occasion pour M. Collor de Mello d'aborder des relations privilégiées entre le Brésil et le Maroc.