Entre le Maroc et le Brésil existe une volonté vigoureuse de donner une nouvelle dimension à leur partenariat économique.Depuis la visite historique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Brésil en 2004, et la signature de l'accord-cadre visant à améliorer les relations commerciales entre le Maroc et le Mercosur, ce désir d'impulser le flux d'investissements de part et d'autre de l'Atlantique fut explicité à maintes reprises. En 2017, bien des actions émanant d'une partie comme de l'autre ont réfléchi la place de Brasilia en tant que partenaire économique privilégié du Royaume. La tenue du 1er Forum économique Maroc-Brésil, suivie de la visite en mars 2016 du ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Viera, au Royaume prédisait déjà le début d'une nouvelle dynamique dans nos rapports avec la première économie d'Amérique latine. Viera avait annoncé que Brasilia et Rabat travaillaient sur «les phases finales d'un accord de coopération et de facilitation des investissements entre les deux pays».La confirmation en début d'année par l'ambassadeur du Maroc au Brésil, Nabil Adghoghi, de la signature imminente de cet «Accord de coopération et de facilitation des investissements» (ACFI),prévue au cours de cette année, en est bien la preuve. «Une fois l'ACFI signé, le Royaume deviendra le premier pays d'Afrique du Nord à conclure un accord du genre avec le Brésil», commentait Adghoghi en février dernier. Un Calendrier bilatéral bien empli Pas plus tard que le 13 juillet dernier, Adghoghi s'est entretenu avec le président du Sénat brésilien, Eunicio Oliviera. Au menu de cette rencontre, les deux officiels ont étudié les perspectives de développement des échanges agro-industriels et autres secteurs «à forte valeur ajoutée», ainsi que l'expansion de la logistique maritime, qui devra compléter l'offre de liaison aérienne désormais quotidienne entre les deux pays. Oliviera n'a pas tari d'éloges sur le potentiel exportateur du Maroc en termes de phosphate et de production de fertilisants, ou encore de l'essor de l'activité agricole destinée à l'exportation au Brésil, notamment dans les Etats du nord et du nord-est du Brésil. Ceci-dit, le regard dont nous lorgne ce partenaire lusitanien dépasse la simple dimension bilatérale. Pour le Brésil, le Maroc est l'interlocuteur parfait pour traiter de ses intérêts en Afrique. Le rôle du Maroc en tant que facilitateur pour les entreprises en Afrique subsaharienne a été discuté, lundi 17 juillet, lors d'un séminaire à Sao Paulo. Co-organisée par le Centre d'études d'intégration et de développement (CINDES), un think tank basé à Rio de Janeiro, et l'OCP Policy Center, basé à Rabat, cette rencontre a abordé le thème de l'« Evaluation et (la) redéfinition des politiques envers l'Afrique dans le cadre d'un nouveau scénario mondial: regards croisés entre le Brésil et le Maroc». Ce séminaire a rassemblé les acteurs-clé brésiliens et marocains engagés dans le développement du continent africain et a traité d'une part, les récentes évolutions et perspectives d'avenir de l'Afrique dans le but de «l'actualisation des stratégies du Brésil envers le continent noir», et d'autre part, les relations Maroc-Brésil via des panels consacrés aux secteurs prometteurs pour le commerce et des investissements dans l'agro-industrie, l'aéronautique, les services financiers et l'infrastructure. Un autre événement vient s'inscrire dans ce calendrier bilatéral chargé. Du 19 au 25 juillet, le président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense nationale au Sénat brésilien, Fernando Collor de Mello, effectuera une visite de travail au Maroc. Son agenda est similaire aux autres : promouvoir la coopération bilatérale dans des domaines comme l'agriculture, la défense, le développement social, le commerce ou encore l'investissement. Les échanges commerciaux en prolifération Cet épanouissement des différents aspects de la relation maroco-brésilienne se reflète bien dans les échanges commerciaux entre les deux pays. Sur le plan commercial, le Brésil était le troisième partenaire commercial du Maroc en 2014, derrière la France et l'Espagne. Entre 2005 et 2014, le commerce bilatéral entre le Brésil et le Maroc a augmenté de 151%, passant de 725,6 à 1,818 milliards de dollars. Les exportations brésiliennes vers le Maroc ont totalisé près de 247,8 millions de dollars entre janvier et mai 2017, contre 161,1 millions de dollars pendant la même période en 2016, soit une augmentation de 53,8%, selon des statistiques du ministère brésilien du Développement, de l'Industrie et du Commerce. Pour ce qui est des importations brésiliennes à partir du Maroc, elles ont également connu une embellie, passant de plus de 181,8 millions de dollars entre janvier et mai 2016 à 283,2 millions de dollars en 2017, soit une augmentation de 55,77%. Cependant, les échanges entre les deux pays demeurent concentrés sur certains secteurs. C'est ainsi qu'en 2014, les phosphates et dérivés constituaient 72% des exportations marocaines vers le Brésil, alors que le sucre représente 53% des importations en provenance du Brésil. Du côté brésilien, le Maroc est perçu comme un hub économique multisectoriel favorisant une ouverture sur les marchés africain et européen. De même, selon une étude du ministère de l'Economie et des Finances autour du «Contenu technologique des exportations manufacturières du Maroc», parue en avril 2017, les exportations manufacturées du Brésil demeure dominées par les produits à faible technologie (40,5% du total en moyenne sur la période 2008-2015). L'exploitation de sa richesse en minerais a hissé le pays au rang du deuxième exportateur mondial de fer et l'un des principaux producteurs d'aluminium et de houille. Par ailleurs, il s'impose de plus en plus dans les secteurs du textile, de l'aéronautique, de la pharmacie, de l'automobile, de la sidérurgie et de l'industrie chimique.