Les pouvoirs publics semblent avoir tiré des enseignements de l'expérience du logement social dont la production a tourné si intensément ces dernières années que le segment est saturé au niveau de plusieurs régions. Si pour les professionnels de l'immobilier la voie pour sortir de l'actuel marasme du secteur est toute trouvée et consiste en la mise en place de nouveaux dispositifs profitant d'incitations fiscales pour relancer la demande, l'Exécutif semble, lui, avoir une autre manière de voir les choses. Tout en évoquant une impérative relance du secteur immobilier dans le rapport économique et financier publié récemment en accompagnement du projet de loi de Finances 2018, le ministère des finances insiste sur le fait que cette redynamisation nécessite indéniablement de nouvelles approches. Les clés de cette nouvelle manière de faire résident dans un meilleur ciblage et une politique d'habitat régionalisée et plus réactive, suggère le ministère. En cela, les pouvoirs publics semblent avoir tiré des enseignements de l'expérience du logement social dont la production a tourné si intensément ces dernières années que le segment est saturé au niveau de plusieurs régions. Qui plus est, l'Exécutif semble vouloir au préalable traiter des goulots d'étranglement identifiés actuellement qui, s'ils ne sont pas débloqués, pourraient compromettre toute mesure de relance. La liste des difficultés est conséquente. Les Finances évoquent d'abord la difficulté à faire adhérer les promoteurs immobiliers au segment du moyen standing ainsi que les appréhensions liées à la récente loi 66-12 sur le contrôle et la répression des infractions en matière d'urbanisme. S'ajoute à cela «la persistance de l'opacité du marché foncier et de la rétention des terrains urbains, d'où un accès inéquitable et une valorisation non optimale de l'assiette foncière urbanisable», ainsi que pointé par le rapport du ministère des finances. Viennent ensuite l'importance de l'informel en relation notamment avec le poids encore élevé de l'auto-construction, ou encore le manque de convergence des actions publiques, notamment dans les villes nouvelles et dans les zones d'urbanisation nouvelles (ZUN). Le ministère des finances recense encore, entre autres maux structurels du secteur, l'insuffisance de la mise en œuvre des plans d'aménagement en relation avec le manque de ressources financières, la prépondérance de la main-d'œuvre non qualifiée et sous-encadrée, d'autant qu'une série de nouvelles normes de construction est entrée en vigueur ces dernières années (parasismiques, efficacité énergétique, lutte contre les incendies...). Et enfin, il faut également ajouter à tout cela les défaillances en termes de contrôle des normes de qualité, de sécurité et d'adaptation avec les changements climatiques. Pour traiter toutes ces problématiques l'Exécutif espère faire entrer tout le secteur de l'immobilier dans une nouvelle phase qui vise une meilleure organisation et plus de transparence dans la continuité d'un ensemble d'efforts déployés pour lutter contre toutes les formes de spéculation, d'informel, de désordre, et de rente. Les programmes étatiques maintiennent une cadence soutenue Avant même que les pouvoirs publics ne prennent des mesures franches en faveur du secteur immobilier, certains indicateurs montrent déjà les prémices d'une redynamisation, constate le ministère des finances, notamment la reprise des crédits accordés aux promoteurs immobiliers qui évoluent positivement depuis mars 2017 après des baisses successives depuis 2012. Ces financements «pourraient d'emblée s'accélérer suite au démarrage effectif de l'activité des banques participatives», anticipent les Finances. Ces dernières proposent en effet des produits de financement dédiés à l'achat d'un bien immobilier et qui sont susceptibles d'intéresser les acheteurs potentiels. De même, les Investissements directs étrangers dans le secteur de l'immobilier ont enregistré une hausse de 19% en 2016 après une baisse de 8% un an auparavant. En outre, même si la production du secteur privé n'est pas au mieux de sa forme, le fait est que les programmes étatiques, notamment en matière de lutte contre l'habitat insalubre et la promotion de l'habitat abordable à travers l'opérateur public, Al Omrane, maintiennent une cadence soutenue. Le programme «Villes sans bidonvilles» notamment, qui a déjà concerné 56 villes à travers le Royaume, s'étend sur l'année en cours à 5 autres villes, à savoir Tétouan, Ksar Lekbir, Settat, Lebrouj ainsi que Moulay Yaâcoub.