Azzeddine Zekri, président de la Fédération nationale du personnel de la CNSS-UMT, relate les raisons du ras-le-bol du personnel de la CNSS et dénonce le complot dont l'instigateur est, selon lui, le directeur général de cette Caisse. ALM : Quelles sont les raisons de la grève que vous avez observée hier mercredi ? Azzeddine Zekri : Les raisons sont connues et elles se résument en un certain nombre de points. Nous avons décidé de tenir cette grève d'abord pour protester contre l'interventionnisme de la direction générale de la CNSS dans les affaires syndicales. La même direction générale a également fait preuve d'un manque de respect total vis-à-vis du personnel, n'hésitant ni à abuser des pouvoirs qui lui sont conférés pour orienter certaines décisions, ni à faire appel à une bande de mercenaires, les instrumentalisant à sa guise pour contrebalancer le poids de l'UMT dans la CNSS. Non seulement elle n'a pas tenu compte du cahier revendicatif que nous lui avons présenté le 18 décembre 2004, ne proposant aucune solution en échange, mais elle a usé de tous les moyens pour nous pousser à abandonner la partie. Vous accusez également la direction générale de comploter contre vous, en encourageant la montée en puissance des représentants d'une autre instance syndicale, à savoir l'UGTM. Confirmez-vous cette accusation? Le plus paradoxal, c'est que c'est le directeur général lui-même qui a veillé au déroulement des élections des représentants syndicaux au sein de la Caisse. Des élections à l'issue desquelles nous avons remporté 100% des sièges. Partant de ces résultats, l'UMT est donc l'unique représentant légitime du personnel. La preuve en est que la grève que nous avons organisée a été observée par tout le personnel et dans tous les établissements concernés; à savoir la direction générale, les directions centrales et régionales ainsi que les différentes agences de Casablanca et de Mohammedia, exceptées les cliniques où une permanence, avec un service minimum, a été assurée. Au lieu d'accepter cet état de fait, la direction générale a encouragé une autre partie, l'UGTM en l'occurrence, à prendre place, allant même jusqu'à lui réserver un local. Ce qui est une pure provocation. Mais on vous accuse également d'avoir barré la route aux représentants de l'UGTM devant le siège de la Maison de l'Assuré… Ce n'est là qu'une tentative de la direction générale, par UGTM interposée, de récupérer ce qui s'est réellement passé, à sa faveur. Nous tenons à préciser tout d'abord que c'est l'UMT qui a fait l'objet d'une attaque de la part de la bande à Khelafa. Une bande dont les membres ne travaillent même pas à la Maison de l'Assuré et qui n'avaient donc aucun droit d'entrer dans ses locaux. Quant aux agressions et la violence qui ont eu lieu, je tiens également à préciser que c'est l'autre camp qui en a fait usage. D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi un employé utiliserait des bombes lacrimogènes. Qu'en est-il de la récupération par votre fédération du suicide de l'ancien chef de Division, Abderrahmane El Harti, au risque de porter atteinte à sa famille ? D'autant que son suicide, dit-on, n'a rien à voir avec son départ volontaire. Ce n'est pas du tout le cas. Avant de se suicider, feu El Harti a laissé une lettre, dont nous avons copie, où il accuse clairement la direction générale de l'avoir forcé à partir. Dans cette lettre, où il qualifie le fait d'avoir accepté de céder au chantage dont il a fait l'objet d'«erreur», il fait également état du vide dans lequel il vivait depuis qu'il ne travaillait plus et des difficultés financières qu'il traversait depuis son départ, et ce, malgré les indemnités dont il avait bénéficié. Vous avez évoqué l'interventionnisme de Mounir Chraïbi, D.G de la CNSS. Comment s'est manifestée cette attitude ?br Dans le cahier revendicatif, nous demandions au directeur général de céder, en vertu de la loi, la mutuelle et les affaires sociales de la CNSS. Le directeur général a refusé de procéder à une telle démarche, sachant que le mandat du bureau dirigeant de ces deux instances a pris fin depuis octobre 2002. Mieux encore, il a introduit l'UGTM, signifiant son total irrespect du partenaire social légitime, et permettant ainsi à ce syndicat de servir et ses intérêts et les intérêts de certains parents à lui dans l'Istiqlal. Faites-vous allusion à Abbès El Fassi, le secrétaire général de l'Istiqlal et proche parent de Chraïbi? Tout à fait. Et ce n'est pas la première fois que cela arrive prouvant ainsi un parti pris dont le directeur général ne cherche même pas à se cacher. Ce que nous voulons, ce n'est pas qu'il prenne parti pour nous, mais qu'on établisse des rapports et un partenariat social professionnel. Qu'en est-il des menaces d'organiser des grèves à l'échelle nationale qu'aurait proférées le secrétaire général de l'UMT, Mahjoub Benseddik, devant le Premier ministre, Driss Jettou ? Tout d'abord, il faut préciser que c'est la base qui a décidé de tenir cette grève préventive. Une décision prise il y a quelque temps, depuis notre assemblée générale. Notre objectif est que la loi soit appliquée. Maintenant, pour répondre à votre question, M. Benseddik a toute la latitude de décider l'organisation de grèves à l'échelle nationale. La CNSS est une des bases essentielles de notre travail. Ce qui est sûr, c'est que notre action ne va pas s'arrêter là.