La nouvelle approche initiée par Fouzia Imansar, Gouverneur-Directrice de l'Agence urbaine de Casablanca, est de bon augure. Elle provoque néanmoins l'ire de certains promoteurs immobiliers habitués à des pratiques peu orthodoxes. Leur association, l'ALPIC, salue «l'approche raisonnable» tout en plaidant pour plus de souplesse. La nouvelle approche de Fouzia Imansar, Gouverneur-Directrice de l'Agence urbaine de Casablanca, ne fait pas que des heureux. À peine deux mois après son installation à l'agence, les promoteurs immobiliers de la capitale économique ont du mal à se faire au nouveau style. Les reproches sont légion. Du manque de communication, au bouleversement des systèmes en place passant par de nouvelles procédures, essentiellement en matière de dérogations, les critiques formulées à l'encontre de la première femme gouverneur au Maroc abondent. Certains promoteurs immobiliers dénoncent le retard pris dans l'examen de leurs dossiers. Aussi, le principe de dérogation, ayant permis le déblocage de chantiers importants à Casablanca, semble être revu et corrigé…ce qui n'est pas du goût des intéressés. D'autres relèvent le changement radical du staff en place, à l'agence urbaine, ayant bousculé les rapports bien ancrés ! Par contre, plusieurs craignent un retrait de certains investisseurs, surtout les étrangers d'entre eux, récemment acquis à l'investissement immobilier. De l'ensemble de ces critiques, au moins une a été bien vérifiée par ALM. Le manque de communication de l'Agence Urbaine est patent. Les différents appels et relances sont restés sans suites ! Par contre, contact pris avec l'Association des Lotisseurs Promoteurs Immobiliers de Casablanca (ALPIC), un délai supplémentaire est assurément accordé au nouveau staff pour dissiper tout mal entendu. «En un moins, nous étions reçus deux fois par le Gouverneur-Directrice de l'Agence urbaine de Casablanca. La volonté de mettre en place des procédures claires et transparentes est bien réelle. Au niveau du discours, l'ALPIC le juge positif. Nous allons voir sa concrétisation concrète sur le terrain », est-il précisé par l'association qui, par rapport aux anciens dirigeants de l'agence, trouve la nouvelle équipe plus stricte « et ne lâche pas facilement ». D'ailleurs, cette rigueur est assurément, estime l'association, la pomme de discorde entre les promoteurs immobiliers et l'agence urbaine. Une application plus stricte des textes, surtout en matière de dérogations, a donné naissance à une nouvelle lecture de ce principe. La volonté d'assouplir davantage l'investissement immobilier, dans le cadre des nouvelles prérogatives des Walis, a changé les critères d'attribution des dérogations. Ainsi, compte tenu de la nature de l'investissement, de l'activité, du projet (programmes sociaux) ou encore d'autorisations spécifiques (terrains hors périmètre urbain), la Wali décidait, conforment à la circulaire du Premier ministre, de l'attribution ou pas d'une dérogation. Actuellement, l'approche de Fouzia Imansar semble couper avec des excès réels, sans, toutefois, revenir sur les acquis. « Le nouveau Gouverneur-Directrice de l'Agence urbaine nous a notifié sa volonté de tourner la page tout en assurant une non-rétroactivité des décisions. Nous trouvons cette attitude raisonnable. Par contre, nous attendons une politique claire et généralisée à l'ensemble des opérateurs. Il y va de la souplesse dans l'urbanisme », estime l'ALPIC tout en prenant le soin de préciser que «souplesse ne rime pas forcément avec abus ou anarchie mais rationalisation et structuration ». Sur le terrain, de l'aveu même de certains promoteurs, la volonté de démocratisation du principe de dérogation est bien réelle. La nouvelle équipe a « un droit certain d'inventaire afin de mieux se prémunir des dérapages ». Toutefois, ils appellent à une meilleure réactivité et attendent la nouvelle politique de l'agence. Les répercutions sur leur activité sont immédiates. Un signal a tout de même été livré. La résolution des problèmes d'expropriation de manière aussi profitable à l'exproprié qu'à l'Etat est de nature à réhabiliter certains droits. Ceci n'est pas sans se heurter à d'autres intérêts. Le jeu d'équilibre auquel se livre Fouzia Imansar ne peut être jugé que sur un intervalle-temps bien déterminé. D'où l'intérêt, aux dires de l'ALPIC, de saluer l'approche raisonnable mais tout en plaidant pour plus de souplesse.