Les politiques macro-économiques prudentes et les réformes structurelles se poursuivent au Maroc. De même il y a une amélioration de la gestion des finances publiques et une diversification de l'économie qui devient plus résiliente. A chaque fois que le Fonds monétaire international est en mission au Maroc, la question de la flexibilité du régime de change se pose. Pour le FMI, la mise en œuvre de cette réforme relève de la souveraineté des autorités marocaines. Cependant, Nicolas Blancher, chef de la mission de consultation de ce Fonds pour le Maroc, s'est voulu, mardi soir à Rabat, clair sur le passage à ce régime et sur les conséquences du retard de son application. «Les autorités ont notre soutien», rassure M. Blancher. Deux scénarios en cas de retard Selon le chef de la mission, il n'existe pas de risque à court terme. «D'après nos analyses, le niveau du dirham n'est pas éloigné de son équilibre», explicite-t-il. Par contre, les risques seraient de deux ordres à moyen terme. Le premier est que l'économie marocaine subit un choc et que l'absence de la variable d'ajustement, qu'est le change en cas de choc, rend l'ajustement au choc plus difficile pour l'économie marocaine. Le deuxième étant l'érosion de la compétitivité. Dans ce sens, il conduit l'exemple des pays émergents qui changent leur régime de change sous la pression. «Les déséquilibres s'accumulent», avance-t-il. De l'utilité de la Ligne de précaution et de liquidité A propos de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL), l'utilité de celle-ci «demeure», selon M. Blancher. Déjà, le conseil d'administration du FMI a approuvé, en juillet 2016, un accord de 24 mois au titre d'une 3ème LPL pour un montant équivalent à environ 3,5 milliards de dollars, soit 280% de la quote-part du Maroc. Cela étant, la rencontre avec la presse était l'occasion pour le chef de la mission de se prononcer sur l'économie marocaine. L'état de santé de l'économie marocaine selon le FMI A l'issue de sa mission, le Fonds estime que les politiques macroéconomiques prudentes et les réformes structurelles se poursuivent au Maroc. Le Fonds constate également une amélioration de la gestion des finances publiques, une diversification de l'économie qui devient plus résiliente. «En même temps, il reste beaucoup à faire pour promouvoir une croissance plus élevée et plus durable ainsi que plus inclusive», précise M. Blancher. Quant au taux de chômage, il avoisine les 10%, il est particulièrement élevé dans le rang des populations les plus jeunes. «Des réformes structurelles sont mises en place. Il convient de les accélérer de notre point de vue pour répondre à ces défis et pouvoir relever le niveau de création d'emplois», poursuit le chef de mission. Concernant la croissance, celle-ci s'accélère cette année et devrait avoisiner 4,4% en 2017. Elle serait portée par un rebond de l'activité agricole suite à la sécheresse qui a frappé le pays en 2016. Cependant, l'activité hors agriculture ne progresse que modérément. Pour sa part, l'inflation fléchit alors que la croissance du crédit se redresse selon le FMI. Au niveau externe, le déficit des transactions courantes devrait décroître autour de 3,9% du PIB en 2017 de par une croissance vigoureuse des exportations. Pour leur part, les réserves de change resteraient à un niveau confortable d'environ 6 mois d'importation. C'est dans l'ensemble une économie saine. Un régime de change flexible «dès que possible» La mission soutient pleinement l'intention des autorités d'assouplir progressivement le régime de change. Ce qui devrait rendre l'économie mieux à même d'absorber les chocs extérieurs et préserver sa compétitivité. La situation actuelle continue d'offrir une fenêtre d'opportunité pour entamer cette transition de manière progressive et ordonnée. Il serait donc approprié d'engager ce processus «dès que possible» selon le FMI. Aussi, la mission du Fonds recommande-t-elle d'adopter dès que possible la nouvelle loi sur les statuts de la banque centrale qui renforcera l'indépendance de celle-ci et son rôle en ce qui concerne la stabilité financière et l'inclusion financière. S'agissant de la réforme fiscale, celle-ci devrait continuer à rendre l'impôt plus efficient et équitable en ligne avec les objectifs des Assises de la fiscalité. «Cela devrait contribuer à la consolidation du déficit budgétaire et atteindre les objectifs des autorités de réduire le niveau de la dette publique à 60% du PIB en 2021», enchaîne M. Blancher. La dette aujourd'hui étant à 64,3%.