Investir dans le capital immatériel pour accélérer l'émergence économique, tel est le principal enseignement tiré du dernier mémorandum sur le Maroc établi par la Banque mondiale. Le document représente une projection sur les 20 prochaines années axée sur les performances économiques enregistrées récemment au niveau national. En se basant sur les réformes et visions sectorielles engagées, la Banque mondiale trace, dans son rapport, des scénarios de développement pour le Maroc. Une feuille de route qui, selon l'institution financière internationale, se veut «ambitieuse, réaliste, capable à la fois d'accélérer la croissance économique de manière durable et de réaliser un développement social et humain plus inclusif». Pour atteindre une croissance inclusive à l'horizon 2040, la Banque mondiale identifie 4 axes stratégiques. La première instruction émise est d'améliorer les institutions d'appui au bon fonctionnement des marchés. Ceci passe éventuellement par l'établissement d'une concurrence libre et loyale, et par la promotion d'un changement culturel à l'égard de l'entreprise et de l'innovation. La Banque mondiale appelle dans ce sens à l'allégement de la réglementation du travail via l'amélioration de l'efficacité des politiques actives du marché du travail. «La refonte du code du travail ferait progresser significativement l'emploi formel, notamment chez les jeunes et les femmes», lit-on dans la note de synthèse dudit rapport qui mise également sur une forte intégration du Maroc dans l'économie mondiale. Ceci permettrait au Royaume d'accroître son attractivité et stimuler davantage l'exportation. «Un accord de libre-échange complet et approfondi avec l'Union européenne amplifierait le potentiel de transformation économique du pays», apprend-on de la Banque mondiale. La deuxième recommandation faite par l'institution financière internationale est l'amélioration des institutions et services publics. Première instruction : la réforme de la gouvernance des services publics assurant davantage leur efficacité et équité. «Cette réforme doit placer l'usager au cœur du système, en tant que bénéficiaire et régulateur, et s'attacher à rendre les services administratifs plus efficients, en simplifiant les procédures et en renforçant la reddition des comptes», relève-t-on du rapport qui mise également sur la modernisation de la fonction publique et le renforcement de l'Etat de droit et la justice. Pour atteindre l'objectif d'inclusion fixé à l'horizon 2040, le Maroc devrait investir dans le capital humain. Et pour ce faire, la donne de l'éducation devrait être placée au cœur des réformes nationales. «La démarche doit relever d'une forme de «thérapie de choc» destinée à remédier aux principales entraves qui pèsent sur le système éducatif. L'objectif doit être de provoquer un «miracle éducatif», c'est-à-dire une amélioration très significative du niveau des élèves marocains, tel que mesuré par les tests internationaux», plaide la Banque mondiale. L'obligation étant de garantir l'égalité des chances en veillant à ce que tous les enfants aient accès à une éducation préscolaire, ainsi qu'aux autres conditions nécessaires à leur développement. L'enjeu de l'économie inclusive passe également par l'investissement dans le capital social et ce en respectant l'égalité des genres et en améliorant l'accès des femmes aux opportunités économiques. Le Maroc devrait encourager dans ce sens une plus grande confiance interprofessionnelle. Ceci passe, entre autres, par la promotion du sens civique, l'encouragement du développement de la société civile et l'accompagnement de l'évolution des normes socioculturelles.