Entretien avec Asmaa Morine Azzouzi, DG du cabinet CAIS ALM : Quels sont les pré-requis pour se dire expert en intelligence économique ? Asmaa Morine Azzouzi : Pour être considéré comme expert en intelligence économique (IE), il faudrait tout d'abord avoir une expérience professionnelle probante qui vous permet d'utiliser tous les outils de l'intelligence économique à des fins stratégiques. Les concepts et les outils sont évidemment acquis dans des cursus spécialisés en intelligence économique. Par ailleurs, il faudrait que l'institution qui vous octroie le diplôme soit habilitée à décerner le titre d'expert en IE. Le terme intelligence économique qui peut paraître très savant englobe en fait une multitude de disciplines faisant appel à des outils spécifiques, notamment la veille stratégique et informationnelle. Pour saisir la portée de l'IE, surtout à notre époque où la mondialisation n'a pas éliminé les affrontements économiques entre puissances, nous assistons toujours à une lutte incessante des grandes puissances pour la maîtrise des ressources énergétiques, la conquête des marchés et le contrôle des innovations technologiques. L'intelligence économique permet aux entreprises de s'armer pour affronter ce marché complexe, parfois hostile et surtout en éternelle mouvance et ce en utilisant aussi bien des stratégies défensives qu'offensives. Le positionnement de votre cabinet de consulting... Notre entité offre un accompagnement global aux investisseurs étrangers désirant investir au Maroc et également à ceux qui souhaitent en faire une base arrière pour attaquer d'autres marchés, notamment l'Afrique subsaharienne. Cet accompagnement est d'abord stratégique avec une dimension intelligence économique utilisée à tous les niveaux mais aussi opérationnelle englobant tous les aspects classiques dont ont besoin les investisseurs. C'est indéniablement cette approche globale qui fait notre force. Quelles sont les ressources nécessaires ? Vous avez plusieurs façons de faire de l'IE, soit c'est une fonction assurée en interne, soit vous faites appel à un consultant IE et vous déployez à l'aide des équipes existantes, soit vous sous-traitez des missions bien définies à un cabinet externe. Nous nous situons dans cette troisième tranche car nous accompagnons nos clients dans la globalité de leurs projets d'implantation. Quels sont les pays sur lesquels vous avez accompagné vos clients? Il y a bien évidemment le Maroc qui concentre une grosse partie de notre offre IE mais nous accompagnons également des clients qui utilisent le Maroc comme hub et pour cela, nous prenons en charge toute leur stratégie de déploiement quel que soit le pays où ils souhaitent s'implanter. Jusqu'à présent les clients que nous avons accompagnés ont surtout opéré en Afrique de l'Ouest. Quelles évaluations faites- vous aujourd'hui de l'approche des investisseurs marocains en Afrique ? Malheureusement, la plupart des PME appréhendent ces marchés en ordre dispersé. A part les banques et certaines grandes entreprises comme OCP qui assurent leur IE en interne, la plupart des PME même les plus importantes n'ont pas encore intégré la dimension IE dans leur stratégie de développement en Afrique. Pourtant les bénéfices qu'ils en tireraient seraient inestimables. Vos recommandations dans ce sens... Quand vous intégrez d'une manière structurée le management culturel, l'information stratégique, quand vous intégrez la dimension géoéconomique et géopolitique, quand vous faites une cartographie précise de l'environnement où vous comptez opérer, quand vous faites des due diligences sur vos concurrents potentiels, quand vous mettez en place des protections pour sécuriser votre offre et votre investissement matériel et immatériel, vous mettez assurément toutes les chances de votre côté pour prendre les bonnes décisions, réussir vos négociations et faire de votre implantation ou de votre conquête de marché un pari largement gagnant.