Suite à notre dossier publié dans ALM n°813 du 12 janvier 2005, sur l'ALE Maroc-Etats-Unis dans l'aspect concernant l'industrie pharmaceutique, la présidente de l'ALCS nous a adressé ce droit de réponse. «L'éditorial que vous avez publié dans votre édition du 12 janvier 2005 intitulé « Le lobby des labos » et l'article signé Adam Wade sous le titre « La cause de Hakima Himmich », écrits en réaction à la distribution aux parlementaires, par la coalition nationale contre les accords de libre-échange, d'un document d'information sur les disposions concernant la propriété intellectuelle dans lesdits accords envisagés entre le Maroc et les Etats-Unis, appelle de ma part la mise au point suivante : 1) Le document distribué aux parlementaires et que vous m'attribuez est en réalité le fruit d'un travail de plusieurs semaines de toute une commission d'experts et il exprime l'opinion d'une coalition nationale réunissant quarante associations et syndicats. Cette opinion est par ailleurs partagée par de nombreux professionnels de la santé, notamment le président du Conseil national des pharmaciens, dont j'ai beaucoup apprécié l'interview qu'il vous a accordée dans le même dossier. 2) S'agissant de l'affirmation par votre journal que, « sous couvert de défense des droits des malades à l'accès aux remèdes, tout laisse croire que les rédacteurs du document s'érigent dans le fond en avocats des intérêts de l'industrie pharmaceutique au Maroc », je vous répondrai que si cette industrie était capable de faire du lobbying elle aurait réussi à défendre ses intérêts pendant les négociations, comme l'ont fait les industriels marocains du textile, et surtout comme l'a si bien fait l'industrie pharmaceutique américaine, dont les moyens sont énormes, comme chacun le sait. 3) L'Association de lutte contre le sida (ALCS), que je préside, n'a rien à prouver dans le domaine de la défense des droits des malades. Il suffit de rappeler que notre lobbying a permis au ministère de la Santé de ramener le prix de la tri thérapie de douze mille cinq cents (12.500) dhs à mille (1.000) dh par mois, ce qui a rendu possible la généralisation de ces tri thérapies à tous les patients nécessiteux. L'action de l'ALCS pour le droit aux traitements, qui passe par l'accès aux génériques, dépasse largement nos frontières. Elle s'inscrit en effet dans un mouvement international mené par des associations des pays du Nord et du Sud, et tout particulièrement par “Médecins sans frontières”, Prix Nobel de la Paix. Dans ces conditions, si l'on suivait l'esprit, sinon la lettre, de votre dossier, nous devrions être tous ensemble considérés comme étant à la solde des génériques. Est-ce bien cela que votre journal entend suggérer à ses lecteurs ? En ce moment, le président de la section ALCS de Marrakech, le docteur Othman Mellouk, spécialiste international de l'accès aux médicaments, participe à Bombay, avec des représentants associatifs des cinq continents, à une réunion de lobbying auprès des génériques indiens qui, s'ils appliquent à la lettre les accords de l'OMC sur les brevets, ne pourront plus vendre de génériques aux pays du Sud, notamment pour le traitement des malades atteints d'infection à VIH. 4) Je trouve regrettable que les « experts » et les « professionnels » qui expriment leur désaccord avec nous, et auxquels se réfère l'article d'Adam Wade, le fassent sous couvert d'anonymat. Cela nous prive du plaisir d'avoir avec eux une discussion franche et transparente, où chacun assumerait courageusement ses responsabilités. 5) Je ne répondrai pas à vos affirmations concernant la prétendue mauvaise qualité des génériques : j'en laisserai le soin au ministère de la Santé, qui fournit les hôpitaux quasi exclusivement en génériques et qui autorise leur mise en vente sur le marché marocain ». • Hakima Himmich, présente de l'ALCS