Le secrétariat d'Etat chargé du Développement rural, sous la direction de Mohamed Mohattane, doit d'avoir, à son tour, une stratégie bien labellisée. C'est désormais chose faite. Toutefois, sur le terrain, le passage à l'acte se fait attendre. Le secrétaire d'Etat chargé du Développement rural, Mohamed Mohattane, vient d'indiquer que le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes a élaboré un plan d'action intitulé "Stratégie 2020 pour le développement rural". Intervenant, lundi, lors de la réunion de la commission des secteurs productifs à la Chambre des représentants, M. Mohattane a expliqué que cette stratégie, élaborée conformément aux Hautes instructions de SM le Roi Mohammed VI contenues dans le discours du Trône en 2004, constitue un cadre de coordination à long terme. La stratégie se décline en dix axes, à savoir la coordination entre les différents départements ministériels, la consolidation du fonds de développement rural, la consécration de la décentralisation, la coopération avec les ONG, la coopération internationale, la diversification des activités économiques génératrices d'emplois, l'intensification des efforts visant l'équipement du monde rural et la mise en place de structures de bases de proximité et d'un réseau d'études et de recherches sur le développement rural, a-t-il dit. Le taux élevé de la pauvreté en milieu rural entrave l'élargissement du marché intérieur, a-t-il fait remarquer, ajoutant que le retard enregistré dans l'enseignement et la formation professionnelle dans le monde rural fait que la main-d'œuvre se trouve incapable de se mettre en phase avec le progrès technique. Pour lui, le pari de l'ouverture exige la restructuration profonde de l'économie agricole. Toutefois, le secrétaire d'Etat a, en outre, passé en revue les efforts déployés durant les cinq dernières années pour le développement du monde rural, tout en avouant que les projets réalisés ne répondent pas aux aspirations définies par les différents programmes du gouvernement. Il a relevé que le taux d'électrification en milieu rural ne dépasse pas 62% et celui de l'approvisionnement en eau potable 55%, formant le souhait de voir l'encouragement du gouvernement aux programmes relatifs aux infrastructures contribuer à l'amélioration de cette situation à l'horizon de 2007. Ce constat, eu égard aux réalisations de l'Office national de l'electricité (ONE), depuis qu'il préside à la destinée du programme d'électrification rurale, est assurément sévère. En 2004, l'effort consenti par le programme d'investissement de l'ONE a consacré 1,7 milliard de DH pour l'électrification rurale sur les 4,1 milliards de DH dont il dispose. Plus concrètement, le programme national d'appui au développement du milieu rural est un modèle du genre. Le projet s'inscrit dans le contexte de la stratégie nationale de développement économique et social du milieu rural caractérisé par la mise en œuvre d'un véritable chantier de programmes de développement pour la mise à niveau du monde rural. Mieux encore, le projet appuiera la création de cinq cents micro entreprises énergétiques en milieu rural, dites « maisons énergie ». Des jeunes promoteurs issus du milieu rural seront recrutés, formés et encadrés pour la mise au point de leur plan d'affaires et pour le démarrage et le développement de leurs activités. Sur un autre volet, le secrétariat d'Etat a fait savoir que les causes des obstacles qui entravent le développement de ces secteurs sont "la faiblesse des recettes et à la pauvreté", tout en relevant que les deux tiers des personnes pauvres vivent dans le monde rural. Récemment, lors de la dernière étape des tournées de la Banque populaire au Maroc, à Marrakech, une des nombreuses interventions a donné des informations concrètes sur les problèmes du monde rural. Ainsi, le directeur du CRI de la région de Tadla Azilal, Ahmed El Haouti, a exposé, le temps d'une brillante intervention, l'enclavement dont souffre cette région. Au moment où elle peut faire une excellente extension de la destination touristique de Marrakech, le potentiel rural de la région, bien connu d'ailleurs plus des étrangers que des autochtones, reste méconnu. «Nous ne demandons pas de financements mais plutôt une vision globale intégrant les potentialités de la région. La première étape consiste en un ambitieux programme de désenclavement », tenait à préciser Ahmed El Haouti Donc, les habitants du monde rural trouvent des difficultés à accéder aux services mis à leur disposition, alors que les collectivités rurales sont parfois incapables de mobiliser les moyens nécessaires pour entretenir les équipements réalisés sur leur territoire. En résumé, au lieu des plans labellisés, une démarche volontariste s'impose. Le monde rural souffre actuellement en silence. Un traitement de base est on ne plus nécessaire, sinon les villes en pâtiront davantage.