Annoncées comme «de plus en plus improbables» par les Palestiniens, les élections prévues pour janvier risquent d'être reportées, faute de paix et de sécurité. «Il est de plus en plus improbable que les élections palestiniennes aient lieu le 20 janvier comme prévu», ont affirmé mardi des dirigeants palestiniens et des diplomates étrangers, confirmant ainsi les rumeurs de plus en plus persistantes quant au probable report de ce scrutin pourtant crucial. Et pour cause, l'armée israélienne ne s'est pas «contentée» de lancer des expéditions punitives ponctuelles censées répondre au dernier attentat palestinien qui avait fait onze morts le 21 novembre à Jérusalem-ouest. Elle occupe désormais la plupart des villes de Cisjordanie, notamment Beit Lahm, déclarée «zone militaire fermée» jusqu'au 31 décembre. Cette situation imposée par l'Etat hébreu a déjà suscité des problèmes logistiques au niveau de la Commission des élections palestiniennes, cette dernière n'ayant même pas pu commencer les préparatifs du scrutin. Phase qui nécessite en temps normal un délai de quatre ou cinq mois ! Mais Israël, fort du désintérêt que porte actuellement la communauté internationale sur la région – dossier irakien oblige -, n'a laissé aucun répit aux Palestiniens qui voient leurs maisons et leurs infrastructures tombées en ruine, et leurs militants arrêtés en masse. L'armée israélienne a d'ailleurs poursuivi mardi ses opérations en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza où des accrochages ont fait douze blessés côté palestinien. A Rafah, dans le sud, deux autres Palestiniens ont été blessés dans la soirée lorsque des chars israéliens et des soldats ont ouvert le feu sur des maisons dans la région de Tal al-Sultan. L'armée a aussi multiplié depuis lundi soir les arrestations de Palestiniens en Cisjordanie. Quarante cinq d'entre eux ont été interpellés dans le seul camp de réfugiés de Dheisheh, dans la région autonome de Beit Lahm, selon l'antenne locale du Club des prisonniers palestiniens. L'un des détenus est la principale figure du Hamas pour la région, cheikh Abdel Majid Ata. L'armée a signalé pour sa part la capture d'un responsable militaire du Fatah, Mansour Chreim, accusé d'avoir organisé un attentat à Hadéra le 17 janvier 2002 (sept morts). Ce regain de violences n'a toutefois pas empêché la direction palestinienne de décider de constituer « une commission chargée de poursuivre les contacts avec le camp de la paix en Israël». Des contacts en ce sens ont notamment eu lieu entre le président du Conseil législatif palestinien, Ahmed Qoreï, et Avraham Burg, responsable du parti travailliste. Les deux hommes devaient encore se retrouver mercredi à Jérusalem-est. Trois jours après la mort d'un de ses responsables, le Britannique Iain Hook tué par des soldats israéliens dans le camp de Jénine, l'agence d'aide aux réfugiés palestiniens de l'ONU a pour sa part une nouvelle fois protesté mardi contre les pratiques de l'Etat hébreu. L'UNRWA a notamment critiqué le fait que 20 à 30 soldats armés aient gardé durant deux heures, le 22 novembre, une de ses conseillères juridiques. L'Américaine Allegra Pacheco avait été gardée sous la menace d'une arme tandis que son domicile était fouillé et son époux placé en détention durant 11 jours. Des pratiques «humiliantes» qui s'ajoutent à la détention actuelle de 23 employés palestiniens de l'UNRWA en Cisjordanie «sans qu'aucune charge n'ait été retenue contre la majorité d'entre eux».