Tentes dressées, animation musicale, folklore, joutes oratoires se succédent à longueur de journée… La campagne électorale démarre bien en Mauritanie. Les you-yous et les klaxons, omniprésents, ne font pas oublier aux Nouakchottois, l'enjeu du moment, la bataille pour le fauteuil présidentiel. Malgré une fine pluie, Nouakchott avait revêtu l'ambiance des grands jours, en ce 22 octobre, date de démarrage de la campagne électorale. Déjà premier constat, sur toutes les lèvres : l'absence du président sortant. Parti à l'Est pour les deux hods avec une importante délégation, il n'en était pas moins présent à Nouakchott, où son directoire a choisi le Stade Olympique et ses 10 000 places assises, pour donner le coup d'envoi de sa campagne, devant une foule qualifiée de « monstre » par les militants du PRDS (Parti Républicain, Démocratique et Social). Face à cette démonstration de force, Ould Dadah, le candidat du RFD (Rassemblement des Forces démocratiques), a fait un discours dans la modération. Voulu ou non, il s'est contenté de lancer depuis le siège de son parti, un discours auquel les militants présents, des fidèles parmi les fidèles, ont répondu en scandant : «Ahmed Président !». Même modération de la part de Ould Haidallah qui, à l'Ilot M, procédait visiblement aux derniers réglages avant de rentrer véritablement dans l'arène électorale. A certain égard, on peut dire que la présence de l'érudit Dedew, très populaire et applaudi à chaque mot, a fait ombrage à l'ex-président. Ce qui n'est pas le cas de Messaoud Ould Boukhair, toujours aussi friand des bains de foule. C'est dans la Médina, en face de la mosquée marocaine et dans une ambiance électrique, qu'il s'est d'abord adressé à une foule déchaînée acquise à sa cause, avant de quitter Nouakchott le jeudi 23 dans la matinée pour le Sud et le Sud-est du pays. Accueilli en milieu de journée à Aleg par une marche motorisée, il a présidé un meeting assez important où il a exposé les grandes lignes de son programme électoral. Après l'étape de Boghé, autre ville numériquement très importante dans le Brakna, le candidat Messaoud poursuivra sa campagne dans le Gorgol, le Guidimakha, l'Assaba et les deux Hodh. Un autre candidat a fait aussi le déplacement dans le Sud, presque en même temps que Ould Boulkheir de l'Allicance pour la Liberté. Il s'agit du RFD (Rassemblements des Forces Démocratiques) de Ahmed Ould Dadah venu, lui-aussi faire une reconnaissance des lieux. A en croire des informations émanant de ce parti, tout est au meilleur des mondes dans cette région où d'importantes personnalités auraient rallié le RFD. Quant au président sortant, Maaouya Ould Sidi Ahmed Taya, candidat du PRDS (Parti Républicain, Démocratique et Social), il s'est d'abord adressé jeudi dernier aux populations des deux Hods (Néma et Aioun) à l'Est de Nouakchott, avant de se rabattre, lui-aussi, dans le Brakna, au Sud, à 350 kilomètres de Nouakchott. Dans l'essentiel, son discours à Néma et à Aioun, peut se résumer à la mise en place d'un « Etat de droit , où prévalent équité et égalité de chances pour tous et où ceux qui sont nantis de talents et de compétences sont traités avec tous les égards." Ould Taya a aussi confirmé aux militaires et aux civils que leurs salaires seraient revalorisés dès Janvier 2004. Parmi les candidats qui ont commencé leur meeting à Nouakchott, il y a les outsiders, Ould Jyed et Mint Jidane. Le premier a opéré une sortie à Riyadh, dans la banlieue de la capitale, où beaucoup de mauritaniens l'attendaient pour la première fois. Devant une assistance limitée, il a retracé les grandes lignes de son programme basé principalement sur une augmentation des salaires et la diminution du prix des denrées de première nécessité, des thèmes mobilisateurs mais qui n'ont certainement pas suffi à Ould Jyed pour drainer des foules. Même constat d'impopularité pour Mint Jidane qui a tenu son rassemblement, samedi dernier à Arafat, un quartier populaire de Nouakchott où elle a beaucoup de mal à faire foule. Les orateurs qui se sont succédés à la tribune ont mis en avant le courage, le patriotisme et la volonté de Mme Aicha Mint Jidane, « seule capable de permettre au pays de surmonter la situation dans laquelle il se trouve ». Mint Jidane explique sa candidature par le fait que la Mauritanie a atteint un certain dégré de maturité politique permettant à une femme de se présenter sans encombre. Elle a en outre précisé que, après son investiture, son premier cheval de bataille sera le social et surtout le règlement définitif du problème « du divorce, largement pratiqué dans le pays et qui engendre des conséquences négatives pour la famille et la société, conséquence dont la femme est la première victime.