L'armée israélienne a pénétré dimanche matin dans le nord de la bande de Gaza après avoir achevé une opération dans le sud de la région. Mahmoud Abbas qualifie ces manœuvres d'obstacle à l'élection palestinienne. Les opérations et autres pénétrations militaires dans les différents territoires palestiniens visent selon Israël, à stopper les bombardements palestiniens de roquettes et obus de mortiers. Le nombre des victimes ne cesse d'augmenter chez les Palestiniens, sans pour autant que les combattants palestiniens ne renoncent à leur lutte armée contre l'occupation israélienne. Malgré l'opération de Khan Younès, une dizaine d'obus de mortier ont été tirés par des Palestiniens vendredi et samedi contre des colonies juives du sud de la bande de Gaza, sans faire ni victime ni dégât, selon des sources militaires. Mahmoud Abbas, favori pour la succession de Yasser Arafat, a déclaré samedi à la presse qu'il entendait protéger les militants palestiniens d'Israël et n'avait pas l'intention de les désarmer dans un proche avenir. Il faut « les protéger de l'assassinat, du meurtre et de tout ce à quoi ils sont exposés du fait des Israéliens », a-t-il affirmé, interrogé à Gaza. Mahmoud Abbas, présenté comme un modéré et qui a toujours appelé à la démilitarisation de l'Intifada, s'est affiché avec des hommes armés à plusieurs reprises ces derniers jours en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza alors qu'Israël exige des Palestiniens qu'ils désarment les militants avant de reprendre les négociations de paix. A Khan Younès, des milliers de Palestiniens lui ont réservé un accueil triomphal, et la pression de la foule a été telle qu'il a été légèrement blessé à la main et a dû ensuite être soigné dans un hôpital. M. Abbas a été porté sur les épaules de membres des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, groupe lié au Fatah, principale composante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui ont tiré en l'air en signe de joie. Dans le camp de réfugiés de Rafah, dans la Bande de Gaza, il a rendu hommage samedi aux fugitifs palestiniens. « Nous n'oublierons pas ceux qui sont recherchés par Israël. Ce sont des héros qui luttent pour la liberté », a-t-il lancé. Il a appelé l'Etat hébreu à cesser les opérations destinées à mettre fin aux tirs de mortiers provenant du camp de réfugiés de Khan Younès. « Nous regrettons beaucoup l'escalade israélienne », a affirmé samedi soir Abou Mazen. « Cette escalade a pour objectif de dresser un obstacle à l'élection palestinienne. La communauté internationale doit être très attentive à ce qui se passe. Le processus démocratique est en danger », a-t-il ajouté en référence à l'opération de l'armée israélienne à Khan Younès. Mahmoud Abbas, qui a jugé « inacceptable » le désengagement unilatéral israélien de la Bande de Gaza, prévu sans coordination avec les Palestiniens, considère en outre qu'il y a un partenaire palestinien et qu'il y aura toujours un partenaire palestinien qui exercera son droit de négocier et parler au nom du peuple palestinien. Le chef de l'OLP demande la reprise des pourparlers de paix afin de trouver une solution globale au conflit israélo-palestinien incluant la fin du contrôle de l'Etat hébreu sur la Cisjordanie, la Bande de Gaza et Jérusalem-Est ainsi qu'une résolution équitable pour les centaines de milliers de réfugiés palestiniens. A 69 ans, ce compagnon de route de Yasser Arafat est bien parti pour une victoire au scrutin du 9 janvier, aucun de ses six rivaux ne pouvant l'inquiéter. Il avait d'abord annoncé vouloir annuler sa visite à Rafah « en raison de l'agression israélienne », mais est ensuite revenu sur cette décision. A Ramallah , le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï a de son côté accusé Israël de vouloir « saboter » l'élection. « Ces crimes (d'Israël) ont lieu alors que le monde entier ne parle que de l'élection », a aussi déploré M. Qoreï. Il reste moins d'une semaine aux élections, et à moins d'un revirement extraordinaire, le début de la semaine prochaine Abou Mazen sera le nouveau Raïss.