Marquant à la fois une rupture totale et irréversible quant aux années noires de l'Histoire contemporaine du Maroc, les auditions publiques restent l'événement le plus marquant de l'année 2004 en matière de droit de l'Homme. Entamé les 21 et 22 décembre dernier, le cycle des auditions publiques décidées par l'Instance Equité et Réconciliation (IER) a été consacré à l'audition des témoignages de douze victimes des violations passées des droits de l'Homme. Retransmis en direct sur les antennes de TVM cet événement a également été suivi par les représentants de la presse nationale et étrangère, d'organisations et associations de droits de l'Homme, du corps diplomatique, des autorités publiques, des partis et des syndicats. Les victimes des violations passées ont été accompagnées de personnes qu'elles avaient choisies parmi leurs proches et leurs amis. Lors de la première séance de mardi, il a été procédé à l'audition des témoignages de six victimes, à savoir Ahmed Benmensour, Jamal Améziane, Chari el hou, Ghali Bara, Rachid Manouzi et Fatma Aït Tajir (Oummi Fatma). Des témoins auxquels se sont ajoutés six autres ( Salah Saâd Allah, Maria Zouini, Mustpaha Laâmrani, Ahmed Herzenni, Abdellah Haidou et Abdellah Aagou) le lendemain et dont les propos étaient empreints de sentiments sincères relatant des événements d'une grande importance dans l'Histoire contemporaine du Maroc, marqués par une oppression politique et par toutes les formes de violations de droits de l'Homme. S'étant déroulé dans des conditions de sérénité et d'ordre, ce moment exceptionnel tant pour les victimes, qui ont fait part de leurs souffrances, que pour à la nation toute entière, auront été un succès. L'objectif de réhabiliter les victimes et à faire connaître leur rôle et leur contribution dans la préservation de la mémoire collective aura non seulement été atteint mais il constitue un événement sans précédent dans le monde arabe et musulman. D'autant que les importantes réformes entreprises au Maroc en matière de l'Homme ont été réalisées conformément à l'histoire, à la culture et à la société du Royaume et avec la volonté souveraine du Maroc sans qu'elles soient imposées de l'extérieur. Procès symbolique d'une période politique déterminée, condamnant les exactions qui ont été commises, et dont l'objectif est notamment de rompre avec les pratiques du passé, les auditions publiques consolident les fondements de l'Etat de droit, consacrent le principe de la non-impunité de ceux qui osent commettre de pareils actes, portant atteinte aux libertés publiques et individuelles et aux droits de l'homme. Ceci, suivant une approche fondée notamment sur l'établissement de la vérité, la réparation du préjudice, la préservation de la mémoire et les réformes institutionnelles, judiciaires et éducatives. Le processus de réconciliation, fruit des efforts consentis par les forces oeuvrant pour le progrès du pays, est, une fois et pour toutes, entamé. Les auditions publiques se poursuivront en janvier 2005 selon un programme qui sera annoncé ultérieurement et qui concerne les villes de Casablanca, Rabat, Fès, Al-Hoceima, Errachidia, Figuig, Tétouan, Khénifra, Tan Tan et Smara. Quelque 200 victimes auraient, trois mois durant, témoigné.