A défaut de boissons alcooliques, le marché du haschisch, des comprimés psychotropes et du maâjoune prospère remarquablement. «Arrasse Li May Dor Âgba…» (La tête qui ne tourne pas est une pente) confie Hcina qui s'assoit sur un tabouret et s'adosse à un poteau électrique implanté à l'entrée de la rue des Chleuhs en ancienne médina, à Casablanca. Il était une heure du mardi 19 courant. Et Hcina, comme ses voisins du quartier l'appellent, tient encore un joint entre le pouce et l'index et aspire la fumée avant de le remettre à son ami assis près de lui pour aspirer lui aussi sa dose. Il fait son possible pour « faire tourner sa tête ». «Il faut l'acheter avant la rupture du jeûne… Sinon je n'en trouve plus… », précise-t-il. Ils ne changent jamais de fournisseur. Ils en ont deux en ancienne médina. Et pas uniquement des petits dealers. L'un se trouve à la rue Larache et l'autre à la rue des Chleuhs. « Ils ont de la bonne marchandise…Ce qu'on appelle “Foum Lâgrabe“ (Bouche du scorpion)…» dit-il. « C'est le cinquième joint que j'ai fumé jusqu'à maintenant avec mon ami et la nuit est encore longue… » affirme son ami. Ils ne fumaient pas assez de joints avant ce mois sacré. « Et je ne dépasserai plus un joint ou deux après ramadan… », précise-t-il. En effet Hcina et ses amis se plongent lors des autres mois dans l'ivresse. Ils ne manquent presque pas un jour sans consommer leur dose de vin rouge. Cependant, durant le ramadan, ils se trouvent obligés de recourir aux autres produits de substitution. « Nous dépensons entre cinquante et cent dirhams par jour pour avoir notre dose de haschisch… » affirme l'ami de Hcina. Les dealers sont conscients de l'importance du haschisch et des autres drogues en ce mois sacré. «Durant les mois normaux, les dealers acceptent de nous vendre un morceau de haschisch de vingt dirhams…Mais durant ramadan, ils ne tournent plus leurs visages vers nous si nous ne leur demandons pas au moins un morceau de cinquante dirhams…», précise-t-il. Le marché de différentes drogues prospère et devient très florissant durant le ramadan. Une prospérité qui résulte de la disparition des boissons alcooliques. «…J'ai d'autres amis qui ne trouvent pas leur dose de haschisch et recourent aux comprimés psychotropes…L'effet d'un ou de deux comprimés est efficace… », atteste Hcina. Leur prix devient trop cher du fait qu'ils ne se trouvent plus en abondance comme auparavant. « Il n'y a actuellement que trois marques de comprimés psychotropes sur le marché ; Kharchacha (Ils l'appellent également Boula Hamra) qui coûte actuellement trente dirhams l'unité et Roche 1 et 2 ( Ils l'appellent également l'Âoude Labied) à cinquante dirhams l'unité…Alors que leur prix ordinaire ne dépasse pas dix à quinze dirhams l'unité durant les autres mois… », confie-t-il. Ce dernier a précisé que d'autres marques de comprimés psychotropes, par exemple Hypnosidon, ont disparu du marché. Le nombre des consommateurs de drogue durant le Ramadan s'accroît et les marques de drogue se diversifient. Outre le haschisch et les comprimés psychotropes, les chercheurs de l'euphorie recourent au Maâjoune ; une sorte de Sallou, de Cake et de morceaux de chocolat mélangés aux restes du kif.