La situation des enfants dans le monde rural au Maroc est alarmante. Ils ne sont que 7,9% à bénéficier des prestations sociales de base contre 41,7% en milieu urbain. En outre, 73,1% des enfants sont privés d'accès au moins à un seul service au niveau national. Cette privation porte sur 7 domaines, à savoir le droit à la nourriture, à l'eau potable, à l'éducation, à un logement convenable, à des installations sanitaires, aux services médicaux, à la protection et le droit à l'information. Autrement dit, la majorité des enfants au Maroc est privée de l'un de ses droits qui figurent pourtant dans la convention internationale sur les droits fondamentaux de l'enfant. C'est ce qui ressort des résultats préliminaires de l'étude sur la pauvreté multidimensionnelle effectuée par le ministère de la famille, de la solidarité, de l'égalité et du développement social en partenariat avec l'Observatoire national du développement humain (ONDH) qui ont été dévoilés lors de la conférence sur «La pauvreté de l'enfant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : de la mesure à l'action» qui se tient du 15 au 17 mai à Rabat. Toujours selon les résultats provisoires de l'étude, le taux de pauvreté multidimensionnel (deux privations ou plus) est de 40,3% au niveau national. Celui-ci est établi à 69% dans le milieu rural et 17,7% en milieu urbain. Les différences ne sont pas significatives entre les filles et les garçons en termes de privation. «A l'inverse des autres formes de pauvreté, celle dimensionnelle touche aussi bien les ménages relevant des classes sociales inférieures que les classes moyennes et supérieures», indique l'étude. Il faut relever que 65% des enfants des ménages pauvres ou vulnérables sont privés pour de multiples dimensions contre 34,6% des enfants du reste de la population. Signalons également que les domaines où la privation est la plus importante pour les enfants sont la couverture médicale, les conditions de logement, l'éducation, la nutrition et l'eau. Si l'on examine le taux de privation par dimension pour les enfants âgés de 0 à 17 ans, on constate que la couverture médicale arrive en tête avec un taux de privation de 49%. Viennent ensuite le logement (32,4%), la nutrition (27,1%), l'eau (23,4%), l'éducation (18%), la santé (13%), l'assainissement (8,3%) et l'information (0,6%). Les dimensions diffèrent selon l'âge des enfants. Celles qui pèsent dans les privations des enfants de 5-14 ans sont la couverture médicale, les conditions de logement, l'eau et l'éducation. En revanche, les enfants de 15-17 ans sont majoritairement privés de couverture médicale, d'éducation, de conditions de logement et d'eau. Notons que les détails de cette étude ne seront disponibles qu'en septembre prochain. En lançant cette étude, la ministre de la famille, de la solidarité, de l'égalité et du développement social, Bassima Hakkaoui, a interpellé les départements gouvernementaux, les institutions nationales et la société civile à fournir plus d'efforts pour lutter contre ce fléau. Ainsi, les résultats de l'étude permettront de lever les contraintes susceptibles d'entraver la bonne conduite des actions orientées sur l'amélioration des conditions de vie de l'enfant. Ces actions portent sur l'activation de la souscription des enfants à l'assurance-maladie (Ramed, AMO), l'amélioration de la rétention scolaire des enfants (niveau collège et lycée) et réduction des taux de redoublement. Les autres actions ont trait au développement de l'accès à l'eau potable, l'amélioration de l'accès aux logements faits de matériaux améliorés et éviter le surpeuplement résidentiel, la sensibilisation des populations aux différentes formes de malnutrition et l'amélioration de l'accès aux infrastructures de santé de base et aux soins de qualité.