Presque tous les cadres du Parti de l'Istiqlal sont mécontents de la manière avec laquelle a été géré le dossier de la participation au gouvernement. Aussi bien pour son aile syndicale, ses députés, ses sages que pour sa jeunesse, les gens du Parti de l'Istiqlal sont unanimes à demander que leur secrétaire général soit cloué au pilori. Dans le sens politique du terme. M. El Fassi fait face désormais à une fronde qui risque d'emporter avec elle les structures dirigeantes du parti. Dans certains milieux de ce parti, l'on évoque déjà la scission. Un événement qui serait sans précédent depuis celui qui a donné naissance à l'UNFP en 1959. Pour le Comité des sages, en premier lieu l'ex-secrétaire général du parti, M'hammed Boucetta, c'est la colère bleue. Le nom de son fils, Khalid, n'a pas été retenu parmi les ministres istiqlaliens. A cela s'ajoute le fait que pour la majorité des cadres non issus de familles notables du parti, c'est une insulte à leur intelligence que de voir qu'une poignée de gens détiennent entre leur main la destinée du parti et celui de ses cadres, comme si cette formation est stérile et ne saurait survivre que grâce aux effets de l'endogamie, dans le sens propre du terme. Pour la jeunesse, c'est le malaise pur et dur. Lors d'une dernière réunion de son Conseil national, le ton était plus que critique à l'égard du parti, ce qui explique la censure du texte du communiqué adopté à l'issue de cette rencontre. Bref, même l'enceinte parlementaire n'a pas été épargnée de ce vent d'angoisse, de déception et d'amertume. « Jamais un dirigeant de l'Istiqlal n'avait traîné son parti dans la boue, en échange d'une immunité éphémère et fragile.» annonce un cadre de l'Istiqlal qui a préféré garder l'anonymat. Mais, est-ce que toutes ces critiques et reproches pourraient être surmontées au sein du Parti ? L'on ne sait pas encore, il faudrait certainement attendre les prochaines semaines pour juger. On saura alors si ce parti historique continue à puiser dans son patrimoine pour surmonter la crise, ou si le mécontentement actuel débouchera sur une grave crise qui transformera l'Istiqlal en profondeur.