Le Parti de l'Istiqlal n'est pas sorti indemne des courses législative et gouvernementale. A bien des égards, il est considéré comme «le grand perdant» des longues et dures tractations. Le Parti de l'Istiqlal a réussi à avoir plus de portes feuilles ministériels que dans le gouvernement sortant. Il a doublé sa part et passe à huit dans l'équipe Jettou. Il a obtenu cinq ministres, un ministre délégué et deux Secrétaires d'Etat. Sur le plan protocolaire, mis à part le 2 ème rang obtenu par Abbas El Fassi, les Istiqlaliens se sont fait attendre lors de l'appel des ministres. Ils sont situés entre les rangs 18 et 37 dans une formation qui regroupe 40 ministres. C'est ce que certains de ses amis appellent «se servir d'abord». Même «si au fond», ils pensent que «Si Abbas n'a pas su bien négocier avec Jettou». Les plus «méchants» estiment qu' «il n'a fait que se mettre à l'abri de la tempête Al Najat». La crainte d'éventuelles poursuites juridiques l'aurait «désarmé face à l'Administration et devait composer». C'est pourquoi il a «accepté n'importe quoi» et se console par le «second homme» du protocole ministériel, après Jettou. La comparaison avec l'autre rival, l'USFP, est souvent mise en avant par les mécontents du Parti de l'Istiqlal. « Au moins Elyazghi s'est battu jusqu'au bout. Certes, on a vidé son ministère de son essence (urbanisme et habitat), mais il s'est battu dans la dignité», estime un cadre istiqlalien. Si Abbas n'a pas tapé sur la table. «il ne pouvait pas le faire. Et d'ailleurs dans quel but ?», poursuit-il. «Le S.G. n'a pas eu ce qu'il voulait pour lui, mais il a obtenu ce qu'il voulait pour ses amis et proches ».En tout cas, la nomenclature istiqlalienne ne pouvait pas être «exclue» de la fête. M'Hammed El Khalifa, qui représente le « segment marrakchi » du Parti de l'Istiqlal est reconduit. Cela n'aurait pas été concevable à moins de vouloir la mort ou la déchirure du Parti de feu SI Allal. Sur le plan qualitatif et constitutif des ministères, les quatre ministères desquels les Istiqlaliens ont hérité restent pour les uns «très modestes, si l'on excepte l'équipement et les transports» et pour les autres «assez intéressants». D'ailleurs ce poste n'est pas revenu au Parti de l'Istiqlal. On lui a fait accepter son titulaire, karim Ghallab, dont le père est un cousin lointain de Si Abdelkrim. Les trois autres départements qui sont revenus au P.I. ne représentent pas de gros enjeux, mais des possibilités de renforcement du Parti, notamment dans l'artisanat et le tourisme. Mais ce dernier département est détenu par le fils du militant et dirigeant istiqlalien et qui ne serait que simple sympathisant du Parti et loin des considérations politiques. Sans plus. D'ailleurs, les vétérans critiquent le «rajeunissement» des ministres istiqlaliens. «Ce sont des ministres non politisés» mais il faudra «mettre la jeunesse à l'épreuve». Mais des critiques acerbes fusent quand on leur parle de quelques noms. «Ce sont des néophytes. Des gens qui n'ont aucune expérience politique ou parlementaire. Ils n'ont jamais travaillé dans une commission parlementaire pour comprendre un peu ce que le Législatif attend d'eux». Mais la bataille aurait fait plus rage du côté des femmes. Le choix porté sur Yasmina Badou a créé un mécontentement général et une tempête au sein de la femme istiqlalienne. «On ne peut être aussi rapide. Deux années de présence partisane à Casablanca pour prétendre gérer des affaires nationales », répondent presque similairement une jeune militante et une autre qui a roulé sa bosse. Même dans les rangs d'autres partis et au sein du mouvement féminin, les noms de Naïma Khaldouni, de Malika Assimi et de Bennani Smires ont été largement défendus. Le critère de jeune ne suffit pas pour les convaincre. « Il y a favoritisme et népotisme» Même les plus cachottières istiqlaliennes le disent même si c»est tout bas.