Une guerre entre les «frères» sur Facebook et des efforts dans les coulisses pour réunir le quota nécessaire pour la convocation d'un conseil national extraordinaire Il semble que le Parti de la justice et du développement (PJD) est en train de vivre ses jours les plus difficiles. Si le nouveau chef de gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, a réussi là où son prédécesseur, Abdelilah Benkirane, avait échoué, le PJD donne l'impression d'être tiraillé entre deux camps. Le premier étant celui des personnes qui veulent donner la chance au chef de l'Exécutif et le deuxième rassemblant ceux qui n'ont pas digéré l'échec du secrétaire général du parti à réunir autour de lui une majorité. Loin d'être un simple débat d'idées dans le cadre des institutions du parti, les deux camps commencent depuis quelque temps déjà à se livrer une véritable guerre sur les réseaux sociaux où les invectives deviennent carrément monnaie courante. Pour un parti dont la majorité des militants est issue ou proche des milieux de la prédication, la situation est inédite. Depuis de longues années, le parti de la lampe reflète l'image d'une formation disciplinée où les différends et conflits sont résolus dans le cadre des institutions mais les choses sont en train de prendre une tournure différente depuis quelques semaines. Il ne se passe pratiquement pas un jour sans que le Web soit le théâtre de confrontation entre les militants du parti. Ce fut notamment le cas pour le clash entre Mustapha Baba, l'ancien secrétaire général de la jeunesse du parti, présenté souvent comme un proche de Aziz Rabbah, l'actuel ministre de l'énergie, des mines et du développement durable, d'un côté, et Hassan Hamorro, membre du conseil national du PJD et administrateur du groupe parlementaire du parti à la Chambre des représentants, de l'autre. Conseil et quota Le différend concerne le conseil national. Certains pjdistes s'activent dans les coulisses pour la convocation d'une session extraordinaire afin que «la direction du parti rende des comptes au sujet de la gestion des négociations pour la formation de la majorité gouvernementale». Une telle procédure nécessite les signatures d'au moins un tiers des membres du conseil national, soit l'équivalent de 90 signatures. Seul bémol, seule une dizaine des membres du conseil national a répondu favorablement à l'appel. Un chiffre qui est donc loin du quota prévu par les statuts du parti, soit 90 membres. Le commentaire de Baba sur la difficulté d'atteindre le quota nécessaire n'a pas été du goût de Hamorro, ce qui a donné lieu à une prise de bec. Cette confrontation est loin d'être un cas isolé. Des membres du secrétariat général et des parlementaires du parti s'y mettent aussi. Les esprits risquent de se chauffer encore plus d'ici le prochain congrès du parti. Pour rappel, le PJD avait organisé un congrès extraordinaire en 2016 pour proroger le mandat de Benkirane d'une année supplémentaire. Le parti doit organiser cette année un nouveau congrès pour choisir un nouveau secrétaire général. Même si la direction du parti a déjà mis en place le comité préparatoire, aucune date n'a été fixée pour le moment pour le congrès qui risque d'être déterminant pour l'histoire de ce parti. Le secrétaire général du PJD sort de son mutisme Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a effectué sa première sortie publique samedi dernier. Il était l'invité de la commission centrale de la Jeunesse du PJD. Dans une déclaration à la presse, Benkirane a affirmé que le temps de rendre des comptes viendra. L'ancien chef de gouvernement a cependant évité de commenter directement le processus des négociations mené par son successeur, Saâd Eddine El Othmani, pour la formation de la majorité gouvernementale. Alors que le secrétaire général du parti de la lampe se fait discret dans les médias, il continue à recevoir dans son domicile les visites des responsables de son parti. Les représentants des groupes parlementaires du PJD se sont ainsi rendus chez Benkirane à Rabat. La teneur des discussions n'a pas été rendue publique mais les deux parties ont certainement abordé la question de la formation de la majorité gouvernementale.