Pendant le mois de Ramadan, les actions caritatives prennent subitement beaucoup d'ampleur par rapport au reste de l'année. Mais ce genre de campagne reste insuffisant pour remédier aux fléaux socio-économiques. La solidarité a toujours fait partie des traditions fondamentales des Marocains. Les coutumes de voisinage et les devoirs de soutien des membres de la famille ou les habitants du même quartier en difficulté ont rythmé par le passé la vie dans notre société. Malheureusement cette culture a connu une nette recrudescence au fil du temps en raison de plusieurs facteurs. La poussée démographique qui a connu une grande croissance, les problèmes économiques qui dominent dans un pays où l'économie dépend des changements climatiques, et enfin la conjoncture géopolitique qui contribue également à l'entrave d'un développement durable qui aurait dû accompagner cette croissance démographique. Ce n'est qu'à la fin du vingtième siècle que cet esprit d'entraide et de solidarité allait resurgir progressivement. Des associations verront le jour petit à petit, et l'on commence à entendre plus souvent l'expression des Mouhcinines (bienfaiteurs) qui viennent en aide aux gens démunis gravement malades et qui doivent se faire opérer. Lorsque la Fondation Mohamed V pour la solidarité nationale fut créée, cela avait fait l'effet d'une bombe quant au principe de la solidarité parmi le peuple marocain. Immédiatement après la première campagne nationale de solidarité, les associations allaient pousser comme des fleurs, et mêmes celles qui existaient déjà et qui marquaient un certain recul ont repris leurs activités. Avec SM Mohamed VI à sa tête, la Fondation Mohamed V a vite fait preuve d'une grande efficacité quoique limitée. Mais les efforts fournis par la Fondation et la régularité de ses activités ont encouragé bien des âmes charitables à s'engager dans ce processus. De nos jours, il existe un nombre très considérable d'associations en pleine activité, notamment dans le domaine caritatif et la protection des catégories sociales faibles (enfants des rues, mères célibataires, personnes âgées etc…). Seulement, tous ces efforts, si bénéfiques qu'ils soient, demeurent insuffisants face aux immenses besoins imposés par la dureté de la vie et ses coûts constamment en flambée vertigineuse. Et c'est pendant le mois du Ramadan que l'on assiste à ces différents aspects d'altruisme, comme si c'était un rendez-vous de mode, ou un entraînement accentué par l'aspect hautement religieux du mois sacré. Les opérations caritatives se multiplient, et malheureusement, elles ne sont pas toutes saines. On a l'impression que le gros des efforts est concentré beaucoup plus sur la médiatisation de l'opération que sur son impact sur la population ciblée. Ces actions occasionnelles ne vont jamais au fond des problèmes. Certes, les associations ne peuvent en aucun cas se substituer à l'Etat et aux institutions, mais à voir le nombre de réseaux et de tissus associatifs et leurs sponsors et partenaires économiques extrêmement riches et prospères, il y a lieu de croire en la possibilité d'une action durable. La pauvreté ne va pas disparaître une bonne fois pour toutes, mais avec l'implication de la société civile, bien en exergue ces derniers temps, elle ne serait pas aussi ravageuse. D'autant plus qu'il serait moins bénéfique pour la société d'accoutumer les gens à ce genre d'attente de charité au lieu de les impliquer directement pour se prendre en charge et remédier à leur situation. En conclusion, la solidarité reste un devoir national, mais elle ne peut pas être considérée comme une solution aux multiples problèmes de nature socio-économique, elle devrait accompagner une politique de développement durable et productif. C'est là son rôle principal.