Selon Abelhak El Khayame, cette cellule visait des personnalités politiques et publiques, des représentations diplomatiques, voire des sites touristiques dans le Royaume, sans préciser ces endroits. «L'enquête n'a pas encore établi le moment du passage à l'acte par la cellule démantelée vendredi dernier. Mais c'était imminent». Tel est l'un des éléments, parmi d'autres, qui filtre de l'enquête toujours en cours selon les propos d'Abdelhak El Khayam lors d'une conférence de presse tenue dimanche à Salé. Selon le directeur du Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), cette cellule visait des personnalités politiques et publiques, des représentations diplomatiques, voire des sites touristiques dans le Royaume sans préciser ces endroits. Visiblement, la réticence de M. El Khayame à nommer ces sites est destinée à éviter de semer la panique dans le rang des citoyens. Le tout en rappelant le mode opératoire de l'intervention du BCIJ dans une affaire du calibre de celle de la cellule démantelée et relevant de l'organisation de l'Etat islamique. Tirs de sommation, une première dans les interventions du BCIJ «C'est pour la première fois que des tirs de sommation sont lancés», détaille M. El Khayame en rappelant que le leader de la cellule, qui louait un appartement dans le rez-de-chaussée d'un immeuble à El Jadida, avait préparé avec son bras droit un explosif. D'où l'intérêt de ces tirs de sommation. Quant à la présence d'Abdellatif Hammouchi, patron de la Direction générale de la sûreté nationale et directeur de la Direction générale de la surveillance du territoire marocain, est «naturelle». Le directeur du BCIJ ne manque pas, par l'occasion, de préciser que le Maroc est «en état d'alerte maximum» en évoquant le changement du mode opératoire des groupes terroristes qui s'activent notamment sur les réseaux sociaux. «C'est un défi pour les services de sécurité», estime M. El Khayame qui s'exprime sur la provenance des armes utilisées par ladite cellule. Des armes en provenance d'Algérie «Les investigations que nous avons menées révèlent que les armes sont introduites par la frontière maroco-algérienne», précise le numéro un du BCIJ en révélant que l'introduction est faite, dans le cas de cette affaire, à travers l'Algérie en coordination entre l'organisation d'Etat islamique en Irak et en Syrie ainsi que la branche de celle-ci en Libye. «Les éléments de la cellule démantelée ont reçu les armes au Maroc», enchaîne M. El Khayame en livrant des éléments personnels autour des membres de cette cellule. Profil des membres de la cellule Pour l'heure, l'enquête révèle que l'émir de la cellule est, selon le directeur du BCIJ, «déterminé au martyr à tout moment». Cette cellule composée de 7 membres s'active à El Jadida, Salé, Belaouane, El Gara et Oued Oumlil. D'autres membres sont recherchés. Le leader (I.A) issu de Taza, est célibataire et agriculteur. «Il était en contact avec un individu converti à l'Islam qui s'active en Algérie», détaille M. El Khayame en rappelant que 1.600 Marocains sont affiliés à l'organisation de l'Etat islamique. Aussi, les membres de la cellule dont l'âge varie entre 20 et 29 ans ont un niveau d'instruction secondaire hormis un membre en deuxième année universitaire. En général, l'idéologie adoptée par les groupes terroristes consiste à recruter des jeunes n'ayant pas un niveau intellectuel élevé. Un arsenal de guerre C'est un véritable arsenal qui a été découvert chez les membres de la cellule démantelée par les autorités. Les fouilles menées par les investigateurs ont permis de découvrir des armes à feu, dont un pistolet mitrailleur muni de lunettes à vision nocturne infrarouge. Les éléments du BCIJ ont également découvert 7 pistolets et une importante quantité de munitions. Les membres de la cellule avaient par ailleurs en leur possession pas moins de 4 couteaux de grand format, deux appareils de télécommunications, ainsi que des pantalons treillis militaires et des bâtons télescopiques. Alors que l'enquête doit se poursuivre avec les personnes arrêtées, la nature des substances saisies laisse penser qu'elles projetaient d'effectuer des attaques aux explosifs. Dans ce sens, la police a découvert des équipements et substances chimiques et des liquides suspects servant probablement à la fabrication d'explosifs et deux gilets dotés de ceintures explosives. Ces objets suspects seront analysés au laboratoire de la police scientifique et technique pour en déterminer la nature.