Maroc-France. Marquant un changement d'orientation dans sa politique de financement de projets éducatifs au Maroc, le Service de la coopération française s'apprête à accorder un don de 6 millions d'euros comme appui au programme de l'enseignement fondamental au Maroc. Il s'agit de la plus grande somme jamais allouée par ce service à un pays étranger. Le plus grand budget jamais alloué par le Service de la coopération française est en passe d'être accordé officiellement au Maroc. D'un montant global de six millions d'euros, il s'agit d'un don qui entre dans le cadre d'une convention de financement, établie sur trois ans et conclue entre le ministère de l'Education nationale et le service précité pour appuyer les réformes en cours dans le domaine de l'enseignement fondamental. Une convention de financement entre les deux parties, dont le Maroc est partie prenante à part égale, est prête depuis plus d'un mois. Il ne reste plus qu'à la signer. La première tranche sera versée à compter de la date de la signature du contrat. Cette signature est prévue entre le 30 et 31 octobre, date de la visite au Maroc du ministre français des affaires étrangères, Dominique de Villepin. Baptisé «Appui au programme de l'enseignement fondamental» (APEF), l'objectif de ce partenariat est d'accompagner financièrement les réformes qualitatives de l'enseignement au Maroc. Des réformes recouvrent, selon Lahousine Hajjad, professeur et chef de l'unité franco-marocaine chargée de la gestion du projet APEF, trois axes principaux. Il y a d'abord la composante institutionnelle qui consiste à outiller les académies ciblées, à savoir celles d'Agadir, de Marrakech, de Tétouan et d'El Houceima, de ressources aussi bien humaines que matérielles capables de donner corps aux réformes préconisées par la Charte de l'enseignement. La composante pédagogique visant la formation des instituteurs, directeurs et inspecteurs est aussi de mise. Enfin, vient la composante socio-culturelle, indissociable des deux premières, et qui a pour but la valorisation de l'école. D'où la réorientation de la politique d'aide de la coopération française. « La France avait pour habitude de soutenir surtout les projets d'enseignement portant sur le secondaire et le supérieur. Il s'agissait de la promotion des élites. Maintenant que l'importance de réformer le primaire s'est fait sentir, on a jugé plus juste de nous intéresser également à l'enseignement fondamental, surtout dans le milieu rural », explique Christian Bellevenue, coordonnateur du projet. Le projet vise également à rapprocher les centres de décision des usagers de l'école en préconisant le principe des académies régionales. C'est pour cela que 50% des crédits iront, sous forme de transfert financier, directement aux quatre académies précitées. Elaboré sous forme de contrat, le projet sera chapeauté par un comité de pilotage avec un tableau de bord pré-défini. Sa gestion sera entre les mains d'une unité de gestion qui travaillera dans un esprit de projet avec une obligation de résultat. Là est la nouveauté puisque, et comme l'explique M. Hajjad : «Jamais auparavant nous n'avions travaillé avec cet esprit. La notion de gestion de projets éducatifs n'existait pas chez nous ». Autre nouveauté, il s'agit de la toute première fois qu'un projet d'une telle envergure est géré par un Marocain. Le financement des actions des différentes académies sera établi selon des critères qui prennent en considération la taille des académies ciblées. A cet égard, celles d'Agadir et de Marrakech seront prioritaires dans la mesure où elles comptent, chacune, 7 délégations. L'intervention la plus forte sera menée dans les régions qui accusent les taux de scolarisation les plus faibles. L'apport du service de la coopération vise également à faire bénéficier les Marocains du savoir-faire en la matière. Un apport qui fait suite à bien d'autres. Le service de coopération française au Maroc est le plus grand poste français au monde. l'Enveloppe annuelle accordée par la coopération française en aide à l'éducation au Maroc est de 52 millions de francs français. Cette réalité exprime la volonté des deux pays de réorienter leur coopération de façon progressive dans le domaine de l'éducation. Selon Bellevenue, même si l'APEF est un projet soft dans la mesure où il n'implique pas la construction de nouvelles écoles, il n'est pas exclu que l'Agence française de développement puisse intervenir en appui à cette action par des projets de construction d'écoles.