Ce qu'on appelle un «bon coup» dans le journalisme s'est avéré être une affaire envenimée. Les intervieweurs d'un homme en cavale ont été interrogés par la police. Ce qui a fait réagir la direction de leur journal. Récit. L'interpellation d'Ali Amar et de Mouaad Rhandy, respectivement directeur général et journaliste du Journal hebdomadaire, le 23 octobre au poste frontière de Bab Sebta par les éléments de la police pendant trois heures continue de susciter plusieurs interrogations. Difficile d'y voir clair pour le moment, compte tenu des enjeux et des spéculations qui entourent cette affaire. Le 23 octobre, 2M a indiqué qu'une convocation a été adressée aux deux journalistes ainsi qu'à la direction du Journal Hebdomadaire de la part de la police judiciaire de Casablanca. Chose que réfute en bloc la direction du Journal Hebdomadaire qui affirme dans un communiqué diffusé le 24 octobre que « la seule convocation qui existe est celle qui a été confectionnée sur place par la police judiciaire de Bab Sebta ». Revenons aux faits. Selon l'hebdomadaire dirigé par Boubker Jamaï, «les deux journalistes ont été interrogés par des agents de la Direction de la surveillance du territoire (DST) sur une enquête qu'avait publiée le Journal hebdomadaire dans son dernier numéro daté du 19 octobre. Et d'ajouter que «lors de cette interpellation, ils ont été informés qu'ils étaient interdits de sortie du territoire». Rappelons que le 19 octobre, Ali Amar et Mouaad Rhandy avaient publié une interview de Moulay Zine Zahidi, l'ex-directeur directeur général du Crédit Immobilier et hôtelier (CIH) recherché par la police. Dans cette interview, M. Zahidi a fait des révélations concernant la gestion du CIH qui avait déjà fait l'objet d'une enquête parlementaire. Selon toujours la version du Journal Hebdomadaire, «les deux journalistes, après avoir été interpellés, ont été conduits dans un bureau de la police judiciaire où on leur a simplement remis une convocation dans le cadre de l'affaire Zahidi. Et d'ajouter : «Ils ont ensuite été interrogés par des membres de la DST sur cette même affaire». «Notre véhicule a été fouillé de fond en comble. Ils ont arraché les sièges et nous ont pris nos téléphones portables, nos documents et appareils photo», a déclaré Ali Amar à Reporters Sans Frontières. Selon Aboubakr Jamaï, directeur de publication du Journal Hebdomadaire, «l'interrogatoire par des membres de la DST est scandaleux». Et de préciser «que celui-ci a dû s'inscrire dans le cadre d'une instruction». Pour faire le point sur la situation, la direction du Journal Hebdomadaire a organisé un point de presse jeudi 24 octobre à 17H00. M. Jamaï a tenu à préciser que les deux journalistes ont été en déplacement dans le cadre d'une investigation en Espagne sans pour autant préciser sa nature. Lors de ce point de presse, M. Jamaï a indiqué que les documents en possession des deux journalistes concernant l'affaire CIH ne sont que des copies. Il souligne à cet effet «que ces documents ne verront jamais le jour compte tenu des informations explosives qu'ils contiennent». Pour l'avocat Mohamed Berrada, le Journal Hebdomadaire peut être accusé de complicité avec une personne recherchée par la justice. Le débat autour de la confidentialité des sources revient donc au-devant de l'actualité. Une chose est sûre : cette affaire promet des rebondissements dans les jours et les semaines à venir.