La chambre criminelle près la cour d'appel de Casablanca examinera lundi prochain l'affaire de «la cellule dormante d'Al-Qaïda», soumise, à partir d'aujourd'hui, à une instruction complémentaire. La défense rejette toutes les accusations retenues contre ses clients. Lundi 28 octobre. La salle d'audience n°7 de la cour d'appel de Casablanca aura un premier rendez-vous avec les membres de «La cellule dormante d'Al-Qaïda». Une cellule qui a été démantelée en mai dernier à Sidi Moumen, un quartier populaire et populeux de Casablanca. Les communiqués publiés, à ce propos, et le point de presse organisé par le parquet général de la cour d'appel de Casablanca, en son temps, ont fait régner un état de psychose dans la société marocaine qui a suivi avec intérêt ce qui s'etait passé en Afghanistan sous l'égide du régime Taliban et se souviennent d'un jour à l'autre de l'attentat du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Personne ne conçoit être un jour menacé par le terrorisme et les agissements d'une telle «cellule dormante». «Mais ces personnes, qui ont été arrêtées par les autorités marocaines, n'ont aucune relation avec Al-Qaïda. Ce dossier est fabriqué par les autorités, il est le résultat de la fiction des services de renseignements généraux…» précise Me .Benhammou Moussaîf Abderrahim, du barreau de Rabat, qui défend les présumés membres d'Al-Qaïda. Sollicité au téléphone, il estime que «ce scénario de démantèlement d'Al-Qaïda au Maroc avait des objectifs politiques ; il tente d'une part de justifier les violations perpétrées par les services de renseignements ; par exemple les enlèvements qui ont été reprochés par plusieurs organisations des droits de l'homme nationales et internationales et d'autre part pour recevoir auprès des Etats-Unis les aides nécessaires pour la lutte contre le terrorisme…», précise Me Moussaïf. Ce dernier n'hésite pas à justifier sa thèse en expliquant : «Le parquet général a expliqué lors de son point de presse qu'un indicateur s'est présenté au Maroc pour révéler qu'un certain Zouheïr El Hayli est arrivé dans notre pays sous l'ordre de Mollah Bilal afin qu'il regroupe des personnes qui veulent se sacrifier pour le Jihad en Afghanistan et contre les Etats-Unis et pour commettre des actes terroristes contre des flottes américaines et anglaises». Il poursuit : «et qu'après les investigations menées par les autorités marocaines, il s'est avéré que Zouheïr El Hayli n'est autre que Zouheïr Hilal Mohamed Tabiti. Alors en fait, il existe réellement ce Zouheïr El Hayli. C'est un colosse de 29 ans qui a vécu près d'Oussama Ben Laden depuis l'âge de treize ans et qui a été arrêté et confié aux Etats-Unis et il est actuellement à Guatanamo. Pourquoi, donc, ils ont arrêté Zouheïr Tabiti pour à lui attribuer, lui et à Hilal Awade Al Assiri et Abdellah Mseffer Al Ghamidi, les faits qu'ils n'ont jamais commis … »?! «Certes, par exemple Al Ghamidi a passé des années en Afghanistan, mais le voilà actuellement un délinquant ; il buvait de l'alcool lorsqu'il est arrivé au Maroc. Comment conçoit-on un membre d'Al-Qaïda qui s'enivre ? C'est absurde…», affirme Me Moussaïf. Ce dernier croit à sa thèse au point qu'il qualifie ce dossier de «bidon» et pour réfuter toutes ces accusations attribuées à «la cellule dormante d'Al-Qaïda», Me Moussaïf n'a pas hésité à présenter au juge d'instruction, Me Najem Bensami, une liste de treize témoins, y compris l'ambassadeur de l'Arabie Saoudite. «Car ils ont assisté à toutes les étapes de l'arrestation des Saoudiens depuis l'aéroport Mohammed V, à Casablanca, le 12 mai, à leurs interrogatoires à Témara jusqu'au jour de leur présentation devant le parquet général, le 13 juin 2002…Mais le juge d'instruction a rejeté à deux reprises cette requête de convocation des témoins. Pourquoi ?», s'interroge-t-il. «Tout simplement parce que le dossier est bidon et iqu'il n'y a aucune preuve qui met en cause les Saoudiens, leurs épouses, le policier et les commerçants», répond-il avec une grande conviction. Pour sa part, Me Abdellah Ammari, du barreau de Casablanca, croit également à l'innocence des membres de «la cellule dormante d'Al-Qaïda». «Les accusations qui ont été attribuées à eux sont infondées juridiquement et notre défense ira dans ce sens devant la cour», affirme-t-il lors d'une conversation téléphonique. «Les personnes impliquées dans ce dossier ont nié catégoriquement les charges retenues contre elles», précise-t-il. Il est normal que les avocats défendent leurs clients. Cela s'entend au niveau du respect des valeurs universels du droit. Quant aux actes, rarement des inculpés avouent leurs responsabilités. La Justice sert justement à éclaircir et à dire la vérité. Les affirmations des uns et des autres valent ce qu'elles valent. Aussi, entre coupable et non coupable, une réalité émerge : des groupuscules qui portent atteinte à notre religion et à notre pays sont parmi nous. Prenons-en garde.