Le discours du Premier ministre de la Malaisie Mahathir Mohamad a suscité des réactions scandalisées, notamment aux Etats-Unis et en Israël. Ailleurs, on n'y voit qu'une critique de l'Etat sioniste. «Les juifs dirigent le monde par procuration». La déclaration est du Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad, lors du sommet islamique de Putrajaya, en prononçant un discours violemment anti-sioniste et en appelant ses coreligionnaires à s'unir pour mieux repartir au combat. Toutefois, le Premier ministre malaisien, qui quittera le pouvoir à la fin du mois, a aussi lancé un appel à «l'arrêt des attentats-suicides et à la poursuite du dialogue, quoi qu'il en coûte». «Nous sacrifions des vies inutilement et ne parvenons à rien d'autre qu'à attirer plus de vengeance massive et d'humiliation», a-t-il estimé. «La contre-attaque ne doit démarrer que lorsque nous aurons remis nos maisons en ordre. Nous avons seulement besoin d'une trêve (des divisions internes à l'OCI) pour agir ensemble à régler certains problèmes d'intérêt commun, par exemple la Palestine», a-t-il déclaré. La situation en Irak et le conflit du Proche-Orient étaient dans tous les esprits lors de cette manifestation. L'occasion pour M. Mahathir, qui est l'un des hommes d'Etat les plus importants des pays en développement, de marteler son credo, la fierté musulmane et la solidarité dans la lutte. Ces propos ont provoqué de vives réactions dans le monde. Certains, comme l'Union européenne, dénoncent leur caractère «antisémite», tandis que de nombreux dirigeants musulmans n'y voient qu'une critique de l'Etat sioniste d'Israël. Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, réunis à Bruxelles pour un conseil européen, ont déploré "les remarques fausses et antisémites" de Mahathir Mohamad. A Washington, le porte-parole du département d'Etat, Adam Ereli, a de son côté déclaré que les autorités américaines considéraient les remarques avec «le mépris et la dérision qu'elles méritent». Israël a appelé la communauté internationale à condamner les propos de Mahathir Mohamad. «Le monde civilisé a vu les résultats d'une telle rhétorique violente par le passé», souligne le ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué dénonçant « la profanation de la mémoire de six millions de victimes de l'antisémitisme». De son côté, le ministre malaisien des Affaires étrangères, Syed Hamid Albar, a assuré que tout cela relevait d'un «malentendu». «Oubliez l'antisémitisme s'il vous plaît, le message du Premier ministre était de cesser la violence (...) Les gens n'en sont peut-être pas très contents, mais ceci est la réalité: les juifs sont très puissants», a-t-il dit. Le président iranien Mohammad Khatami a déclaré que, c'était même «un discours brillant. Très logique. L'antisémitisme est un produit de l'Occident. Les musulmans ne sont pas antisémites». Les dirigeants de pays musulmans ont réagi de diverses manières, nombre d'entre eux estimant qu'il ne s'agissait pas d'antisémitisme mais de critique d'Israël accompagnant un appel à la fin de la violence.