Quand Halima commence à raconter son histoire, toute l'assistance, à la salle d'audience de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, est submergée d'émotion. «Je venais de descendre d'un grand taxi quand l'un d'eux vient me demander de lui indiquer une ruelle», explique-t-elle à la cour sans pouvoir retenir ses larmes. Elle fait allusion à ses deux ravisseurs qui se tenaient dans le box des accusés. Effectivement elle se met à lui expliquer le parcours à suivre pour arriver à destination lorsque le deuxième jeune homme les a rejoints. Il sort discrètement un couteau et en pose la pointe sous l'aisselle de la jeune fille et en même temps il faisait semblant de discuter avec son complice. Il faut souligner que les deux jeunes malfaiteurs, âgés respectivement de vingt-six et de vingt-neuf ans, se sont rencontrés pour la première fois à la prison d'Oukacha, quand le premier purgeait une peine d'emprisonnement d'un an ferme pour trafic de drogue et le second écopait d'une peine de trois mois de prison ferme pour vol. Une fois sortis de prison, ils se sont rencontrés pour former un duo spécialisé dans le vol sous la menace d'arme blanche. «Nous ne la connaissons pas. On n'a jamais vu cette fille», affirme l'un des deux mis en cause. L'autre nie également l'avoir agressée ou même l'avoir croisée dans la rue. «Ce sont eux, M. le président», insiste fermement la jeune fille qui ajoute que tous les deux l'ont obligée à les accompagner vers un terrain vague. Il était presque 21 h quand ils l'ont kidnappée et séquestrée pour la violer à tour de rôle. «Ils m'ont obligée à me déshabiller pour me violer, cela a duré plus de trois heures», continue-t-elle à déclarer à la cour. Elle les suppliait. Mais en vain. A chaque fois qu'elle esquissait un geste pour se dérober au supplice, on lui mettait le couteau sur la joue menaçant de la balafrer. Mais les deux ravisseurs campent sur leur position et persistent à nier. «Je me souviens de leurs visages, M. le président», affirme la jeune fille devant la cour. Après avoir assouvi leurs besoins bestiaux, les deux criminels l'ont abandonnée sur les lieux. «Ils m'ont subtilisé mon smartphone et une somme de trois cents dirhams», précise la victime devant la cour qui a jugé, après les délibérations, les deux mis en cause coupables pour constitution d'une association de malfaiteurs, kidnapping, séquestration, viol et vol qualifié. Verdict : 10 ans de réclusion criminelle pour chacun des deux malfaiteurs.