ALM : Vous avez lancé les Assises régionales pour l'emploi au nord du Maroc. Pourquoi avoir choisi Tanger- Tétouan-Al Hoceima ? Anass Doukkali : Les Assises régionales pour l'emploi de la Région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima viennent après le succès des Assises des régions de Souss-Massa et Rabat-Salé-Kénitra. Il s'agit d'un processus qui s'inscrit dans la continuité et qui reflète l'engagement de tous les acteurs à faire de la région un maillon fort de l'emploi, dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour l'emploi à l'horizon 2025, qui préconise aux régions de se doter de leurs propres plans régionaux d'emploi, de par leurs prérogatives désormais étendues dans le domaine de l'emploi. D'autres Assises seront programmées avant la fin de l'année en parallèle à l'élaboration des régions de leurs plans de développement régionaux. Le choix de la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima se justifie aussi par la dynamique et l'essor économique qu'a connus cette région ces dernières années et qui a fait d'elle une véritable locomotive de l'économie nationale et une destination privilégiée pour les investissements, notamment les investissements directs étrangers (IDE). Quelles sont les spécificités de la région en termes d'emploi ? D'après le diagnostic préliminaire du marché du travail dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, celle-ci jouit d'un contexte géographique et économique favorable à la création d'emplois de par sa proximité géographique de l'Europe, ainsi que la disponibilité d'une infrastructure de qualité qui lui offrent un atout indéniable pour un développement économique soutenu en particulier tourné vers l'export. De plus, l'édification de plusieurs projets structurants comme le port Tanger-Med et les zones franches a induit un mouvement d'industrialisation dans la Région, ce qui a fait que le secteur de l'industrie occupe aujourd'hui 121.700 personnes, d'après le Haut-Commissariat au Plan, avec une évolution positive de 4% par an en moyenne entre 2010 et 2014. Le sous-secteur du textile-habillement reste le principal secteur employeur de la région avec 47% de la population active employée dans le secteur de l'industrie, suivi du secteur de l'industrie électrique et électronique (19%) puis celui de l'agroalimentaire (17%). Pourtant, le marché de l'emploi de la Région est caractérisé par un faible taux de participation. Sur une population en âge de travailler (âgée de 15 ans et plus) on enregistre un taux d'activité de 46%. De plus, la faible activité féminine qui caractérise le marché du travail marocain est encore plus prononcée dans cette Région où le taux d'activité des femmes n'est que de 18,2% comparativement à 24,8% au niveau national. L'Anapec fait de la digitalisation son cheval de bataille. Où en êtes-vous dans ce processus ? Notre ambition aujourd'hui est de renforcer la présence digitale de l'agence à travers plusieurs plates-formes. L'objectif est d'améliorer la qualité de nos prestations et démocratiser l'accès aux services, notamment pour les cibles qui ont des difficultés pour se déplacer en agences. L'agence est alors en train de continuer son virage digital avec le lancement de plusieurs projets structurants dans le cadre d'une stratégie Cross-canal qui permet d'adapter l'offre de l'agence aux attentes des jeunes chercheurs d'emploi tout en favorisant la synergie entre différents canaux : portail d'e-intermédiation, e-mailing et newsletters, médias sociaux, application mobile, SMSing, centre d'appels, mass media, etc. Ainsi, une plate-forme digitale spécialement dédiée à l'auto-emploi sera lancée d'ici 2017 pour permettre aux porteurs de projets de bénéficier d'un accompagnement efficace et sur mesure. De plus, une plate-forme d'e-learning sera lancée également au profit des chercheurs d'emploi et des porteurs de projets. La plate-forme permettra de bénéficier d'ateliers interactifs en visio conférence ou en modules MOOC au sujet des techniques de la recherche d'emploi et du montage des business plans, en plus de modules en style «Gamification» pour attirer davantage la cible des jeunes. Nous ambitionnons d'avoir à terme une véritable agence virtuelle qui délivrera des prestations à valeur ajoutée à travers divers canaux au grand profit des chercheurs d'emploi, porteurs de projet et employeurs. Quelles sont vos réalisations en termes d'insertion des chercheurs d'emploi ? Jusqu'à fin août 2016, l'Agence a pu insérer 48.420 chercheurs d'emploi dans la vie active. 33% de ces insertions ont concerné les lauréats de la formation professionnelle, 30% les bacheliers et 17% les lauréats de l'enseignement supérieur. Le secteur des services accapare la moitié de ces insertions, suivi du secteur de l'industrie avec 35% et le secteur de l'hôtellerie avec 6%, et ensuite les secteurs de l'enseignement privé, du BTP, de l'agriculture et de la pêche. Avec cette cadence, nous pourrons réaliser au moins 70.000 insertions d'ici la fin de l'année, dépassant ainsi les objectifs fixés, surtout avec la reprise de l'activité économique après la période des vacances. Où vous positionnez-vous dans le contexte africain ? En tant que vice-président de l'Association mondiale des services d'emploi publics (Amsep) pour la région Moyen-Orient et pays arabes, l'Anapec joue un rôle important dans la favorisation des échanges entre les membres de l'association, notamment au niveau du continent africain et de la région MENA. Dans ce contexte propice à la coopération Sud-Sud, nous avons organisé le 24 mars 2016 à Rabat une réunion préparatoire à la création du réseau africain des politiques et des services d'emploi avec la participation de 13 services d''emploi publics africains. Cette rencontre vient pour consolider la feuille de route établie lors de la première réunion organisée à Marrakech le 4 mars 2016, afin de dynamiser cette coopération en impliquant tous les niveaux techniques et politiques pour créer une réelle synergie entre ses composantes. L'assemblée constitutive du réseau sera tenue vers la fin de cette année.