La peine capitale divise les Marocains, entre ceux qui sont pour et ceux qui s'y opposent. Au sein de ces deux groupes, le débat est déjà engagé. Les milieux concernés iront-ils jusqu'au bout d'un dossier qui concerne tout le monde ? Le tristement célèbre Mustapha Tabit est la dernière personne ayant subi la peine de mort au Maroc. Actuellement, le nombre des condamnés à mort avoisinerait 150 détenus dans le pays, en attente de l'exécution de leur sentence. Jugée en totale contradiction avec les principes des droits de l'Homme et des sociétés civilisées, la peine capitale est au centre de toutes les controverses au Maroc. En dépit de son caractère tabou, la question ne cesse d'animer les débats. Pour ou contre ? Les avis divergent. Le fossé entre les gardiens de la peine de mort et ses détracteurs est énorme. Le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ avait déclaré, à ce propos, qu'il sera parmi ceux qui applaudiront lorsque la peine de mort sera abrogée au Maroc. Dans le même vent, l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) faisait, un certain temps, cavalier seul contre la peine de mort. L'AMDH faisait et fait toujours savoir, sans ambiguïté, sa position sur le sujet, faisant état de son refus absolu de cette sentence et défendant farouchement sa pure abrogation. En ayant presque fait un slogan, l'AMDH ne laisse pas passer une occasion pour appeler à l'abolition de la peine capitale. Une position qui s'inscrit dans la vision propre aux divers organismes internationaux de défense des droits de l'Homme. L'autre clan est constitué des conservateurs et, principalement, des adeptes de certaines doctrines et des personnalités religieuses en général, prêts à faire des mains et des pieds pour que la peine de mort soit maintenue au Maroc. Leur choix est amplement justifié par la Chariâ qui stipule que seul Dieu est en droit de prendre la vie d'un être humain, que les textes sont clairs et que tout coupable en ce sens doit payer de sa vie le prix de sa transgression. La mesure a, ainsi, pour finalité de réduire ou même de juguler la recrudescence de la criminalité et de dissuader l'auteur présumé du crime. De ce point de vue, l'on défend surtout la loi divine et l'on considère que l'on ne peut aller au-delà, en la modifiant ou en l'abrogeant. Cependant, d'autres sentences, prescrites par la Chariâ, ont bel et bien été abrogées et ne sont plus de rigueur. Ainsi, révolus les temps où le vol était puni par une amputation de la main. Il en va de même pour tout handicap infligé à un tiers et qui n'est plus sanctionné par un acte similaire. L'on craint également que l'abrogation de la peine de mort n'entraîne une montée en flèche de la criminalité, car les auteurs de tels forfaits n'auraient plus à faire face à ce moyen de répression. Or, dans les rangs des détracteurs de la peine capitale, l'on estime qu'un vrai travail de réhabilitation, dans le cadre de la mission qui incombe aux centres carcéraux, est seul apte à réduire la criminalité, tout en garantissant à ses auteurs une possibilité de réinsertion.