Après avoir qualifié de «succès» l'attaque de lundi contre Khan Younès, le premier ministre israélien a annoncé une poursuite des raids sur Ghaza. La réoccupation de ce territoire n'est plus, selon lui, qu'une «question de temps». «Je pense que l'opération a été un succès. Il faut prendre en considération le fait que les forces israéliennes font tout pour contenir les raids et attaques des mouvements terroristes». C'est en ces termes que le premier ministre israélien s'est exprimé mardi devant la presse, quelques minutes avant de rencontrer le président Moshé Katzav. Revenant sur la série de raids menée la veille sur Khan Younès, dans la Bande de Ghaza, Ariel Sharon a ajouté que la «plupart des victimes étaient des terroristes mais on a aussi relevé quelques victimes civiles». Et de conclure : «en conséquence, je fais part de mon chagrin»… Sur les 14 personnes tuées lundi à Khan Younès, au moins une dizaine étaient des civils. Sur la centaine de blessés, au moins huit ont essuyé des tirs alors qu'ils se trouvaient dans un hôpital. Les hélicoptères d'assaut israéliens, appuyés par des chars, ont d'ailleurs ouvertement tiré sur la foule, rassemblée au moment de l'attaque près d'une mosquée. Et cette tuerie aveugle largement condamnée par la communauté internationale n'est en fait que la première d'une longue série de raids «anti-terroristes» annoncée par Ariel Sharon lui-même. «L'armée israélienne poursuivra ses opérations si l'Autorité palestinienne ne se décide pas à empêcher les terroristes de commettre des attaques», a renchéri mardi un responsable au bureau du premier ministre. «Si nous n'avons pas le choix nous ferons le travail nous-mêmes pour assurer la sécurité des civils israéliens», a-t-il averti, avant d'ajouter être «désolé pour la mort d'innocents, mais les véritables coupables ce sont les terroristes qui utilisent de façon cynique la population civile comme bouclier humain». Reste que ces violences ont une nouvelle fois coïncidé avec la reprise des médiations diplomatiques. Sur place, le représentant spécial de l'Union européenne n'a d'ailleurs pas manqué de dénoncer le raid lors de sa rencontre lundi avec le chef du gouvernement israélien. Javier Solana a notamment critiqué le fait que cette attaque ait été programmée au moment où les Palestiniens font des efforts «pour s'éloigner de la violence». Trêve de courte durée : le Hamas a déjà appelé les organisations armées à frapper Israël en représailles au «massacre» de Khan Younès. «Sharon, prépare les linceuls pour tes soldats et colons. La vengeance du Hamas sera plus dure que jamais», a lancé un activiste dans un haut-parleur lors des obsèques des 14 Palestiniens. Le principal négociateur Saëb Erakat a pour sa part répétait que ce «massacre odieux» était un «prélude à une réoccupation de la bande de Ghaza». Une crainte confirmée par un article du quotidien israélien Haaretz paru mardi. «L'invasion totale de Ghaza est juste une question de temps selon Israël» titrait le journal en Une. «Israël a dit aux Etats-Unis que l'invasion militaire de Ghaza était une question de statistiques et de temps» selon Haaretz qui citait un haut responsable de la défense. Selon ce dernier, anonyme, «Israël serait forcé d'agir» dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, tandis qu'un autre responsable militaire faisait part de ses craintes quant à une telle opération, et «les conséquences qu'elle pourrait avoir sur le sol israélien ». Les conséquences immédiates de ces raids «injustifiés», de l'avis des Européens, et «troublants» selon la Maison-Blanche, ont inévitablement concerné la reprise des violences dans la bande de Ghaza mais aussi dans toute la Cisjordanie, notamment à Jénine. Mardi, quatre Israéliens ont aussi été blessés au sud de Hébron par des tirs. Ces hommes circulaient dans une voiture lorsque des Palestiniens ont ouvert le feu dans leur direction, selon la radio israélienne, qui n'a pas précisé s'il s'agissait de colons.