Ils échangeaient tous les deux les regards et les sourires. Ils se comportaient comme des adolescents qui ont fugué et qui attendaient la punition parentale. C'est pour cela que le président de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, qui venait d'annoncer le début de l'audience, ne manque pas de les ramener à la dure réalité, à savoir qu'ils sont poursuivis pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, donc des délits assez graves. Mais, il semble qu'ils n'ont pas pris ses paroles au sérieux. «Nous ne l'avons pas tué, M. le président», a répondu l'un d'eux, celui qui est âgé de trente-deux ans, à une première question posée par le président qui feuilletait encore le dossier de l'affaire. Ce dernier est un repris de justice qui a purgé plusieurs peines d'emprisonnement pour constitution d'une association de malfaiteurs, vol qualifié, coups et blessures et complicité à l'escroquerie. Quant à son complice, un jeune de vingt-huit ans, il a également purgé deux peines d'emprisonnement pour vol qualifié. En fait, tous les deux se sont rencontrés, pour la première fois, à la prison d'Oukacha, à Casablanca. Dès qu'ils ont été libérés, ils ont mis la main dans la main pour reprendre le chemin des agressions. Ils ont fait plusieurs victimes avant qu'un jeune malfaiteur, âgé de vingt-six ans, les rejoigne. «Il a participé à plusieurs opérations mais avec le temps il est devenu cupide», a expliqué l'un des deux mis en cause. Selon le dossier de l'affaire, ce troisième malfaiteur semble être bagarreur, fort, et surtout cupide au point qu'il a commencé à les obliger à lui donner la grande part du butin. «Il m'a donné un coup de poing quand je lui ai expliqué que nous devons partager le butin. Je l'ai poussé au point qu'il est tombé par terre», a expliqué l'un des deux mis en cause. Au contraire, le même suspect a déclaré aux enquêteurs, après son arrestation, qu'il s'est mis d'accord avec son complice pour mettre fin à la vie de leur ami qui venait de les rejoindre. A ce propos, ils ont avalé des comprimés psychotropes. Quand ils sont arrivés tous les trois dans un coin obscur, l'un d'eux lui a donné un coup de poing, puis l'autre l'a saisi par le cou pour commencer à lui cogner la tête contre le trottoir. Il ne l'a relâché qu'une fois qu'il a rendu l'âme. Et ils ont pris la poudre d'escampette. Verdict : 25 ans de réclusion criminelle pour chacun des deux mis en cause.