L'armée israélienne s'entraîne sur le scénario de l'expulsion du leader palestinien vers le désert libyen. A Tel Aviv, une nouvelle audience du procès Barghouti s'ouvre dans une ambiance électrique. L'un des principaux dirigeants palestiniens, Marwan Barghouti, chef du mouvement Fatah en Cisjordanie, comparaissait de nouveau jeudi dans une ambiance électrique devant un tribunal de Tel-Aviv, qui doit décider de la prolongation de sa garde-à-vue. Alors que l'audience était sur le point de commencer, l'un des avocats a annoncé le retrait du procès des avocats de la défense, accusant le service d'ordre du tribunal de l'avoir battu et chassé du tribunal. Détenu depuis avril, M. Berghouti a été inculpé le 14 août de meurtre, complicité de meurtre, tentatives de meurtre, appartenance à une organisation terroriste, détention d'armes et d'explosifs, chefs d'accusations pour lesquels il encourt la prison à vie. Une député israélienne du Parti Communiste, Tamar Goujanski, et une dizaine de députés et d'avocats européens, venus pour soutenir Marwan Barghouti, étaient présents à l'audience à Tel Aviv. Quelques centaines de personnes ont manifesté leur solidarité à l'inculpé. Dans un communiqué distribué aux manifestants, M. Barghouti a écrit : « Je récuse la compétence de ce tribunal israélien d'occupation » et a appelé les Palestiniens à « défier le couvre-feu dans tout le territoire palestinien ». À l'occasion de cette audience, l'accusation devait présenter une demande de prolongation de sa garde-à-vue jusqu'à la fin du procès. Les avocats du dirigeant palestinien ont fait part de leur intention de plaider l'incompétence de cette cour pour juger leur client, membre du Conseil législatif palestinien et qui bénéficie à ce titre d'une immunité parlementaire. Le procureur l'accuse, ce que Barghouti dément, de diriger les Brigades des Martyrs d'Al Aqsa, groupe armé issu du Fatah, et d'être responsable de la mort de 26 Israéliens. Par ailleurs, le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, a dénoncé de nouveau jeudi la décision du Congrès américain de considérer Jérusalem comme la capitale d'Israël et d'ignorer les revendications palestiniennes sur la partie orientale de la ville. « Personne ne peut toucher à Jérusalem », a proclamé le leader palestinien à l'issue d'une rencontre avec des chrétiens palestiniens dans son quartier général de Ramallah. « J'appelle les nations musulmanes et chrétiennes à agir contre toute décision portant atteinte à Jérusalem», a également réclamé Arafat. Le peuple palestinien, qui ambitionne légitimement de faire d'Al Qods-est la capitale de son futur Etat, a reçu le soutien de nombreux pays à travers le monde, qui ont critiqué la décision du Congrès, affirmant que celle-ci violait les résolutions des Nations unies. Pendant ce temps, l'armée israélienne a mis en place un exercice d'entraînement sur le scénario de l'expulsion de Yasser Arafat. Des militaires israéliens ont même visité le lieu de destination du leader palestinien, une région déserte d'un pays étranger, affirme « Maariv » dans son édition de jeudi. Arafat serait transporté par hélicoptère depuis son quartier général de Ramallah vers un lieu où « il n'y a ni ville ni population à proximité », souligne le quotidien ajoutant que cette opération est prête et pourrait être montée très rapidement. « Maariv » ne donne pas le nom du lieu, mais la télévision israélienne avait récemment affirmé que l'armée avait choisi le désert libyen comme destination. Parallèlement, Israël pour suit son travail de sape de l'autorité du président palestinien. L'ambassadeur d'Israël à Washington estime que Yasser Arafat était sur « une pente glissante ». « Jamais auparavant nous n'avons vu les Palestiniens douter de leurs dirigeants et demander des comptes », avait-il déclaré. Sur le terrain, un vendeur de légumes palestinien a été abattu par des soldats israéliens à Djénine en Cisjordanie, alors qu'il se trouvait devant son étal. Ce décès porte à 2.544 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifada. Des blindés israéliens ont également détruit jeudi une maison dans la localité de Wadi Gaza.