Peu connu avant l'Intifada, hormis des populations de Cisjordanie et de Ghaza, Marwan Barghouti arrêté lundi 15 avril 2002 par les Israéliens, a mis sa personnalité charismatique et sa solide détermination au service de l'Intifada. «Un militant populaire, infatigable, intègre et fidèle à ses idéaux ». Ce sont les termes qui reviennent pour décrire le chef du Fatah pour la Cisjordanie, Cet homme capable de mobiliser les foules a souvent été présenté comme le chef des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, un groupe armé proche du Fatah, ce qu'il a nié en soulignant cependant leur « efficacité, en dépit de moyens limités ». Titulaire d'une maîtrise en sciences politiques de l'Université de Bir Zeit, près de Ramallah, en Cisjordanie, Marwan Barghouti a passé une bonne partie de son adolescence dans une prison israélienne lors de la première Intifada (1987-1993), durant laquelle il a été très actif. Ce quadragénaire trapu aux yeux sombres et frondeurs, marié et père de quatre enfants profite de ce séjour pour apprendre l'hébreu. En 1989, il est déporté au Liban, d'où il va rejoindre le président de l'Organisation de libération de la Palestine dans son exil tunisien. Revenu dans les territoires palestiniens après les accords d'Oslo de 1993, dont il est alors un fervent partisan, ce charismatique dirigeant est élu au Conseil législatif palestinien (Parlement) lors du premier scrutin qui suit la proclamation de l'autonomie. Ceux qui le connaissent assurent qu'il est un fidèle parmi les fidèles de Yasser Arafat. A la différence toutefois du président de l'Autorité palestinienne, tenu par ses obligations de président et soumis à de fortes pressions internationales, Barghouti peut, lui, se permettre d'être radical. Il n'a jamais hésité à critiquer les errements du gouvernement palestinien, tant dans sa gestion des affaires intérieures que pour ce qui concerne les concessions faites à Israël. Il s'est également battu pour que le Fatah garde son autonomie par rapport à l'Autorité, pour qu'il ne devienne pas le parti au pouvoir, et ses cadres les « apparatchiks » de la nouvelle administration palestinienne. Il fut l'un des plus chauds partisans des accords israélo-palestiniens d'Oslo, et sa déception quant à leur échec - dont il impute la responsabilité aux manquements de l'Etat juif à ses engagements - est à la mesure de son enthousiasme originel. D'où son engagement dans l'Intifada, qu'il considère comme la révolte légitime d'un peuple contre l'occupation et l'humiliation, tout en se déclarant hostile aux attentats terroristes qui visent des civils en Israël. Le 4 août 2001, Barghouti accuse Israël d'avoir cherché à le tuer dans une attaque aux missiles qui a touché le véhicule de l'un de ses adjoints. L'incident a lieu devant le siège du Fatah, dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie. Tel-Aviv dément et affirme que c'est bien son adjoint qui était visé. L'avertissement est en tout cas pris très au sérieux et Marwan Barghouti s'était fait encore plus insaisissable que jamais.