Le dumping porte des préjudices considérables à cette industrie. Il a poussé plusieurs unités à cesser leurs activités, notamment dans les villes de Tétouan, Berrechid et Kenitra. Le dumping, cette pratique commerciale contraire à l'esprit de la concurrence, ronge l'industrie céramique marocaine au point qu'elle se voit non protégée par l'état marocain. Multipliant vainement les requêtes auprès des autorités marocaines, l'Association professionnelle des industries céramiques (APIC) a mené sa propre enquête antidumping avec le concours du ministère du commerce extérieur. Tous les indicateurs montrent que les importations de céramiques espagnoles et italiennes sont écoulées sur le marché marocain à des prix en deçà de ceux pratiqués sur les marchés respectifs de ces deux pays. Les professionnels sont montés au créneau après avoir remarqué une escalade conséquente de ces pratiques. Après la Chine dont les produits ont envahi le marché marocain depuis 2005, ce sont les importations en provenance d'Italie et d'Espagne en particulier qui menacent l'industrie céramique nationale. «Aujourd'hui, nous sommes attaqués par des pays voisins. Depuis la crise qu'a connue le monde en l'an 2009, ces pays ont inondé notre marché par des produits dont le prix défie l'entendement», regrette Mohsine Lazrak, président de l'APIC, qui s'est exprimé lors d'une conférence de presse tenue lundi à Casablanca. Le dumping porte des préjudices considérables à cette industrie. Il a poussé plusieurs unités à cesser leurs activités, notamment dans les villes de Tétouan, Berrechid et Kenitra. L'effet boule de neige est tel que la main-d'œuvre en est la principale victime. «Les importations du produit céramique espagnol ont atteint un volume de 3.388.738 m2 durant la période allant du 1er janvier au 16 mars 2016, soit une augmentation nette de 45% par rapport à la même période de 2015, contribuant ainsi au licenciement de 260 ouvriers», souligne M. Lazrak. Par ailleurs, rien ne fait plus sortir l'APIC de ses gonds que l'indifférence de l'état. L'association exhorte les responsables à jouer leur rôle de garant. «L'inexistence d'une veille stratégique va damer le pion à toute une industrie nationale vieille de 40 ans», craint le président. Concrètement, ces industriels réitèrent leur volonté de voir une loi anti-dumping barrer le chemin à toute concurrence déloyale et ce en favorisant l'écosystème, en contrôlant efficacement les frontières et en adoptant des mesures de sauvegarde incluant une extension de taxes en douane et un contrôle systématique du poids et de la quantité des carreaux importés. Ces mesures permettront de «préserver l'emploi de quelque 7.000 ouvriers». Si les mesures précitées demeurant sans suite, l'APIC prendra ses décisions. «Si la tendance continue à ce rythme nous userons des voies de boycott et nous nous approvisionnerons de matières premières d'autres marchés, notamment la Turquie, le Portugal et les pays liés au Maroc par des accords de libre-échange», prévient l'APIC. A noter que le dumping a causé aux industriels de la céramique marocains un manque à gagner estimé à 400 millions de dirhams par an.