Le Parti de l'Istiqlal et le PJD se sont distingués des autres formations en faisant élire deux femmes chacun dans des circonscriptions locales, en plus de leur quota sur la liste nationale. Onze partis politiques au total auront des députés femmes dans la future Chambre. Une «exception marocaine» parmi les pays arabo-musulmans saluée de toutes parts à travers le monde. Elles seront beaucoup plus nombreuses que par le passé dans l'enceinte parlementaire. Au moins 17 fois plus, une candidate MNP (liste locale) a pu rejoindre le groupe des femmes déjà élues au niveau de la liste locale (Fatna El Khiel du MNP, élue à la circonscription du Gharb). Cette dernière faisait partie des 266 femmes, dont 46 têtes de liste, qui figurent sur les listes locales. Soit 5 % des candidatures présentées. Elles seront cinq à se faire élire, dont deux têtes de listes. Elles avaient choisi la voie la plus difficile. Contrairement à celles de la liste nationale. Tout à leur honneur. Un progrès gigantesque. Un grand pas en avant. C'est l'événement national sur lequel il faudra s'attarder aussi. Pas seulement la fixation sur le score du Parti de la justice et du développement, même si la question mérite de plus profondes réflexions et analyses. Cette importante présence féminine ne manquera pas de conférer à l'institution parlementaire une meilleure crédibilité et un dynamisme accru au débat législatif. Une grande majorité de la trentaine d'élues a un niveau universitaire. Certaines sont des spécialistes de questions nationales. Cela va de l'enseignement à la santé, en passant par divers secteurs primordiaux pour le pays. Elles répondent dans leur globalité aux critères de la charte déontologique de la femme. Nombreuses parmi elles sont celles qui jouissent de la crédibilité, d'ailleurs liée à la compétence professionnelle et scientifique. Pas mal de figures connues sur la scène politique nationale et siègeant même dans les hautes instances partisanes. 14 d'entre elles sont des membres du polit Bureau ou Comité exécutif de leurs formations respectives. Nezha chekrouni, Fattoum Koudama et Fatima Belmouden pour l'USFP. Naima Khaldoun, Malika Assimi et Latifa Bennani Smirès pour le Parti de l'Istiqlal. Bassima Hakkaoui est membre du Secrétariat national du PJD. Bouchra El Khyari et Fouzia Oualkour pour le FFD. Nezha Skalli pour le PPS. Milouda Hazib pour le PND. Guejmoula Ebbi pour le PND. Fatima Moustaghfir et Amina Idrissi Ismaïli pour le MNP. Khadija Belfattouh pour l'UC. L'istiqlalienne Latifa Bennani Smires est la doyenne du nouveau groupe parlementaire féminin, puisqu'elle entame sa seconde législature après celle de 1993. D'autres sont membres d'instances nationales inférieurs (Comité central, commission administrative) ou dirigeantes d'associations féminines. Autant de potentialités rompues à la chose politique. En principe, elles vont prouver que le choix du quota, dans une société à deux vitesses, est très largement justifié. Mérité pour faire obstacle aux résistances qui ignorent la femme et sa participation à l'effort de la nation. Au travail comme dans les foyers. On regrettera, cependant, bien des noms de militantes aguerries de la cause nationale et féminine qui auraient pu conforter la présence de leurs collègues au Parlement. Nous pensons particulièrement à Aïcha Lokhmas et Latifa Jbabdi (PSD), Badiâa Skalli et Fatiha Seddas (USFP), Houria El Houat (GSU) et Zhour Rachik (MP). Entre autres. Non-élues ou non candidates dont certaines à cause des positions «basses» offertes sur les listes nationales. D'autres, non moins méritantes ont accepté de faire le jeu du remplissage des listes. Mais dans le lot, si on trouve des femmes qui se sont illustrées par un passé militant et continuent d'affirmer leur présence dans la scène nationale, d'autres, il est vrai moins nombreuses, sont d'illustres inconnues. Sans anticipations, on peut faire confiance aux partis qui les ont portées en tête des listes nationales. Elles auront l'occasion, une fois qu'elles auront vaincu leur timidité politique, d'exposer leurs talents d'oratrices, voire de tribuns invétérés. Les tâches qui les attendent sont immenses. Elles ne se limitent pas à la seule question féminine, dans laquelle elles excellent certainement. Mais l'effort à fournir est se situe,indéniablement, au niveau de l'apport en idées et propositions qui seraient en mesure de contribuer à l'essor général du pays. Nul doute que les dossiers en chantiers progresseront aussi à cause de cette présence féminine.