Les Marocains de Corse en particulier et les Maghrébins en général vivent des moments difficiles dans cette Île française où ils sont confrontés depuis quelque temps à la montée d'actes racistes perpétrés à leur encontre par des groupuscules armés comme "clandestini Corsi". Les Marocains de Corse en particulier et les Maghrébins en général vivent des moments difficiles dans cette Île française où ils sont confrontés depuis quelque temps à la montée d'actes racistes perpétrés à leur encontre par des groupuscules armés comme “clandestini Corsi“. Agressions verbales et physiques, attentats à l'explosif, saccage de leurs maisons et commerces, inscriptions xénophobes sur les murs, les mêmes scènes de violence se répètent régulièrement. Ici, l'air est devenu irrespirable, chargé de haine et de ressentiment sur fond de règlements de comptes, de méthodes mafieuses et de réflexes visiblement trop chauvinistes. La peur a fini par s'installer comme un poison et de s'emparer des esprits ; nombreuses sont les familles marocaines qui se sont résignées, le cœur gros, à quitter Bastia ou Ajaccio pour refaire leur vie sur le continent. La valise ou le cercueil. Partir ou mourir. C'est ce climat que décrit le reportage de Aziz Daki. On veut bien croire qu'il s'agit juste d'un phénomène passager mais la multiplicité des actes de violence envers la communauté maghrébine révèle une dérive raciste inquiétante qui s'affirme : en 2000, les attentats de racistes étaient au nombre de quatorze contre une trentaine pour le premier semestre 2004. Et la terreur continue. Confrontée à un mouvement indépendantiste en Corse, la France vit déjà cette affaire comme un casse-tête. La poussée raciste dans la région ajoute à la complexité du problème et ternit un peu plus son image surtout que ce mouvement nationaliste semble apporter un soutien moral à ces exactions en appelant entre autres revendications à “la corsication des emplois“. Les auteurs des violences trouvent des arguments dans ce genre de discours puisqu'ils justifient leurs forfaits par le désir de stopper l'immigration qui ronge la Corse ou de mettre fin au trafic des stupéfiants dont est accusée la communauté arabe. C'est là où réside le danger. La rencontre des objectifs du mouvement indépendantiste corse et ceux d'une bande d'extrémistes qui, ne faisant pas la part des choses, croient légitime de “casser de l'Arabe ou du Marocain“. “ Corsica Pulita“ (Corse propre) fait partie des inscriptions racistes qui couvrent les murs de certains quartiers de l'Ile. Cette phrase, lourde de sens, revêt une connotation clairement raciste et invite même à “nettoyer“ la région de tout ce qui n'est pas Corse. Les autorités locales, à commencer par le député-maire de Bastia (voir interview), ne veulent pas vraiment voir dans ce qui se passe sur l'Ile un phénomène procédant d'une stratégie politique. Il est vrai que les Corses dans leur majorité ne sont pas racistes mais force est de constater que les actes ayant visé jusqu'ici les Maghrébins sont le fait d'individus corses. Comment arrêter cette spirale de violence ? Personne ne sait. En visite sur l'Ile, Nouzha Chekrouni, ministre chargée des MRE, s'est contentée de transmettre un message de paix et de tolérance, insistant sur le fait que le racisme est engendré par l'ignorance.